Wild style !

Les « incursions » de quelques artistes rompus à l’espace urbain parmi les collections rassemblées dans les hôtels Guénégaud et Mongelas se justifient pourtant dès la première salle. Sur deux murs face à face, War! et Jussi TwoSeven campent in situ, chacun à leur façon, l’art urbain en créature sauvage et indomptable, surgie sans crier gare au milieu d’un espace entièrement anthropisé. L’exposition réalise ainsi une double promesse : ramener un peu de « sauvage » dans l’institution, et questionner au passage la relation de l’homme contemporain à la nature. Les six artistes rassemblés au Musée de la chasse et de la nature honorent cette approche, plus ou moins subtilement, d’une volée d’œuvres éphémères. On y trouve bien sûr d’inévitables appels à la réconciliation entre espèces ennemies (c’est ce que semble suggérer notamment l’œuvre de Scaf sur la façade de la rue des Quatre-Fils) ou à « sauver la planète » (Bordalo II). Mais certaines propositions sont plus ambivalentes. En plongeant un cerf et un sanglier naturalisés dans la ville, hors de leur milieu naturel, Nadège Dauvergne renverse par exemple nos représentations du rural et de l’urbain, et semble au passage s’interroger sur la façon dont sont campés graffeurs et street artists. Quant à Ruben Carrasco, il signe dans l’antichambre une fresque à l’ambiguïté délibérée. Figurant un renard portant dans sa gueule un lapin doudou, celle-ci offre un écho ironique et onirique aux scènes de chasse accrochées alentour. Comme pour mieux nuancer les représentations contemporaines que les artistes donnent de la nature ?