Crimes, truands, incendies… Dans les années 1935-1945, l’art de Weegee a non seulement conféré ses lettres de noblesse à la photographie de faits divers, mais il l’a élevée au rang de genre.
Allongés par terre, les uns recroquevillés sur eux-mêmes, les autres bras et jambes étendus, certains recouverts d’une couverture, il est difficile de dire si les personnages de Weegee dorment ou s’ils sont tout simplement morts.
« Weegee the famous » : une marque, un style
De son vrai nom Usher Fellig (1899-1968), ce singulier reporter photographe qui sévit à New York dans les années 1935-1945 pour le compte de quotidiens locaux s’était fait le spécialiste des faits divers et autres événements spectaculaires. Porteur d’une carte de presse, roulant en Chevrolet équipée d’une radio portative, Weegee, qui était le premier et le seul photographe à être branché sur celle de la police, était toujours le premier à arriver sur le lieu des crimes et des accidents.
Usant volontiers du flash pour esthétiser son sujet, intégrant parfois le texte d’une publicité aux scènes qu’il photographie – par exemple Joy of living, (Joie de vivre), au-dessus du cadavre d’un homme –, il crée un style propre qui connaît un succès considérable. Sa capacité à réagir dans les temps les plus courts au cœur le plus profond de la nuit new-yorkaise lui a permis de constituer un réservoir d’images totalement inouïes.
Criminels et victimes, badauds et policiers, gens de la nuit et miséreux y défilent en une impressionnante fresque de la vie sociale, comme en témoigne The Naked City (La Ville nue), ouvrage publié en 1945. Tout en révélant au grand public une autre Amérique, Weegee – qui fut le maître de la grande Diane Arbus – a élevé le photojournalisme au rang de l’art. Aussi, à juste titre, s’était-il inventé un logo – « Weegee the famous » – qu’il tamponnait au dos de ses clichés comme pour que l’on se souvienne de lui.
Une collection exceptionnelle de 228 tirages vintages
Amateur passionné de photographie, le collectionneur allemand Hendrik Berinson a consacré plus de vingt ans de sa vie à constituer une collection de tirages originaux et de vintages de cet artiste hors pair. Issues de celle-ci, les deux cent vingt-huit photos de Weegee que présente le musée Maillol à Paris offrent à voir un ensemble très complet et très diversifié de sa démarche.
De la noirceur de la société, des ténèbres de la nuit et des bas-fonds de la ville, la collection Berinson en dit long sur l’engagement d’un homme qui se voulait le témoin de la vie sociale.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Weegee, reporter la nuit
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Weegee