Avec "L’art olmèque du Mexique ancien", la National Gallery présente l’exposition la plus exhaustive jamais rassemblée sur l’art de l’ancienne civilisation mexicaine, qui s’épanouit entre 1200 et 300 av. J.-C. dans les États de Veracruz et de Tabasco, dans une région que les Aztèques baptisèrent bien plus tard Olman, ou le "pays du caoutchouc". En tout, cent vingt-deux pièces archéologiques – têtes colossales, figurines en jade, baby-faces… –, dont beaucoup sont montrées pour la première fois en dehors du Mexique.
WASHINGTON (de notre correspondant) - "C’est la première fois en 3 000 ans qu’un ensemble aussi important d’objets olmèques est exposé à l’air libre", assure Richard Diehl, membre du comité international de l’exposition de Washington. Si le Princeton University Art Museum et le Museum of Fine Arts de Houston ont successivement présenté cette année un ensemble de 270 pièces archéologiques olmèques, celles-ci provenaient exclusivement de collections américaines.
L’exposition de la National Gallery rassemble au contraire 122 pièces prêtées non seulement par des collections publiques et privées des États-Unis, mais également d’Europe, du Guatemala et, surtout, du Mexique.
Une tête de treize tonnes
Le gouvernement mexicain a en effet prêté pour l’occasion ses plus rares et plus beaux artefacts, y compris des statues colossales, dont certaines ont été mises au jour récemment et n’avaient encore jamais quitté les musées de Xalapa, La Venta et Mexico. Parmi ces œuvres particulièrement remarquables, 17 sculptures monumentales en pierre dont 15 ont été transportées à Washington dans la plus grande discrétion, le trajet du convoi de camions ayant été tenu secret par peur d’un détournement et d’une demande de rançon.
La tête colossale en basalte n° 8, qui provient du site de San Lorenzo, est l’objet le plus lourd jamais installé dans l’aile est de la National Gallery. Pour supporter ses treize tonnes, le musée a été contraint de renforcer les planchers des salles avec des poutres d’acier. Jamais sortie du Mexique, c’est l’une des dix têtes de souverains trouvées au sommet d’un plateau situé à plus d’une centaine de kilomètres de la carrière où la roche a été extraite. Un fait qui ne cesse d’intriguer puisque les civilisations précolombiennes n’utilisaient pas de bêtes de trait et n’ont jamais inventé la roue.
Parmi les chefs-d’œuvre de taille plus modeste, seize petites figurines en jade découvertes à La Venta ; un masque en jade finement poli de la collection Dumbarton Oaks à Washington, dont les traits sont semblables à ceux des têtes colossales ; un seigneur olmèque en pierre verte tenant un jaguar anthropomorphe sur les genoux, que les villageois de Las Limas révéraient comme une Madone lorsqu’il fut découvert ; plusieurs baby-faces en terre cuite vernissée ; Le lutteur, du Musée national d’anthropologie de Mexico…
OLMEC ART OF ANCIENT MEXICO (L’ART OLMÈQUE DU MEXIQUE ANCIEN), jusqu’au 20 octobre, National Gallery of Art, 4th Street at Constitution Avenue, Washington, tél. 202 737 42 15. Catalogue sous la direction de Michael D. Coe, coédition National Gallery et Harry N. Abrams.
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Washington sous le signe des Olmèques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Washington sous le signe des Olmèques