Avec sa silhouette élancée, le bras tendu, tenant dans sa main un flambeau, La Statue de la Liberté éclairant le monde, offerte par la France aux États-Unis et érigée en 1886 à l’entrée du port de New York, est très vite devenue le symbole d’une Amérique puissante et dominatrice.
Si tout le monde la connaît, bien peu savent en revanche quel est le nom de son auteur, Frédéric-Auguste Bartholdi, et c’est moins à sa gloire qu’à celle de l’Amérique que Warhol fait référence. Le fait est que, un an avant sa disparition, le pape du Pop Art a mis la main dessus et lui a consacré toute une série de travaux. Comme il a fait tout au long de sa vie, que ce soit avec Coca-Cola, James Dean, Marilyn ou Mao. L’intérêt de cette série – dont la galerie Ropac présente une dizaine de toiles et quelques œuvres sur papier – réside essentiellement dans le fait que Warhol y a exploité les ressources d’une technique bien particulière, qualifiée par lui de « camouflage ». Pour ce faire, il photographiait un coupon de tissu militaire, en agrandissait le motif et en faisait confectionner des écrans de sérigraphie distincts correspondant à trois des quatre couleurs employées, la plus claire qui servait de fond étant appliquée directement à la main. Cette technique plaisait beaucoup à Warhol car elle lui permettait de jouer sur un registre tout à la fois figuratif et abstrait. La figure solidement sculptée par Bartholdi y est en effet noyée dans un ensemble de formes mouvantes qui la parasitent étrangement et lui confèrent une sorte de fragilité inattendue. D’autant que, du modèle bartholdien, Warhol n’a retenu que la tête et que celle-ci ne présente qu’un masque, fait d’un simple aplat coloré.
Galerie Thaddaeus Ropac, jusqu’au 7 mai, cat. 30 p., 100 F.
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Warhol en éclaireur camouflé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : Warhol en éclaireur camouflé