Il se dit à tort, en Occident, que le mode de vie japonais, imprégné de culture zen, est dénué d’humour.
La tendance irrévérencieuse est une caractéristique même de la tradition japonaise, où la représentation du rire semble trouver son origine dans les temps les plus anciens. Pour preuve, ces figurines souriantes de Dogû vieilles de 3 000 à 4 000 ans qui ouvrent l’exposition de la Maison de la culture du Japon dédiée au rire, ou warai en japonais. Quatre-vingts œuvres : poteries, rouleaux peints, estampes, images populaires, pour la plupart de l’époque Edo (1603-1868), qui invitent à porter un regard nouveau sur l’art japonais.
Le sentiment du grotesque est probablement parvenu au Japon depuis le continent avec l’introduction du bouddhisme au VIe siècle et la propagation de l’art chinois. L’art bouddhique du Moyen Âge, empreint d’humour naïf, faisait l’objet d’une imagerie issue de la religion populaire. Des représentations au regard satirique encore plus aiguisé étaient présentes dans les peintures des rouleaux illustrés religieux à vocation didactique, où l’on évoquait avec une grande audace les angoisses et les laideurs du siècle. Ces peintures zen des moines, qui avaient pour vocation de diffuser la foi bouddhique, laissaient apparaître un goût immodéré pour la caricature. Il atteindra son paroxysme durant la période Edo, avec la représentation plus que burlesque des sept dieux du bonheur.
Vers la fin de cette période, des artistes majeurs comme Soga Shôhaku ou Nagasawa Rosetsu ont produit d’innombrables caricatures et peintures satiriques dans lesquelles ils se moquent de la société et du pouvoir tout en contournant la censure. Ils ont laissé, entre autres chefs-d’œuvre, des peintures animalières pleines d’humour à la technique incomparable, où les animaux aux expressions comiques singent les humains. Le point commun de tous ces artistes étant accessoirement leur profonde affection pour les animaux !
Maison de la culture du Japon à Paris, 101 bis, quai Branly, Paris-15e, www.mcjp.fr
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Warai drôle d’art japonais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°651 du 1 novembre 2012, avec le titre suivant : Warai drôle d’art japonais