Le Mrac, étonnant musée installé dans un ancien corps de ferme à Sérignan, ville occitane d’à peine 7 000 habitants, a invité Jill Gasparina, membre du projet de recherche « Habiter l’espace extraterrestre » (HEAD-Genève), à penser le nouvel accrochage de sa collection hétéroclite.
À partir de la polysémie du mot « espace », la critique et curatrice présente les œuvres d’une soixantaine d’artistes dans un parcours thématique explorant les différentes acceptions du terme. On est accueillis dans l’exposition par une salle intitulée « Gravité zéro », qui donne à voir la notion d’apesanteur en suspendant toutes les œuvres. La suite du parcours est une véritable expérience immersive faisant dialoguer des œuvres extrêmement diverses dans des salles ayant chacune une certaine autonomie et un système d’accrochage propre. Parmi elles, se démarquent « le LAB », installé dans le cabinet d’art graphique, qui s’intéresse à la recherche et aux expériences scientifiques à travers des œuvres de Carsten Höller, Nina Childress ou Allan McCollum ; et la « cabine de l’astronaute », où sont accumulées sur le mur des œuvres graphiques, références aux images intimes qui accompagnent les astronautes lors de leurs sorties extra-terrestres. De l’habillage des murs à l’agencement des œuvres, tout dans la scénographie est pensé et signifiant. Ainsi, l’exposition se conclut avec une installation de Jessica Stockholder dans une salle aux murs habillés d’un fond photographique représentant un paysage martien recomposé à partir de milliers de photographies. La commissaire ose des présentations inédites et propose un véritable regard, singulier et passionnant, sur la collection.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°739 du 1 décembre 2020, avec le titre suivant : Voyage spatial au Mrac