Archéologie

Voyage en Phénicie

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2008 - 409 mots

L’Institut du monde arabe, à Paris, propose une incursion dans la culture phénicienne, qui a laissé une empreinte marquante sur la culture méditerranéenne

PARIS n Première exposition organisée sur le sujet en France à ce jour, « La Méditerranée des Phéniciens », à l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris, dresse le portrait d’une civilisation (XIIe-IIIe siècles avant J.-C.) dont l’ascendance culturelle et commerciale est réapparue grâce aux recherches archéologiques initiées au début du XIXe siècle autour du bassin méditerranéen, et principalement au Liban. Réalisée en collaboration avec le Musée du Louvre, la manifestation s’ouvre sur les premiers exemples d’écriture linéaire – la célèbre invention du peuple phénicien –, que l’on peut encore déceler sur les têtes de flèches en bronze ou sur les sceaux en pierre dure. L’héritage phénicien ne se résumant pas à l’alphabet, les prêts prestigieux provenant d’institutions françaises et internationales reconstituent la vie quotidienne des Phéniciens selon divers thèmes : la religion, avec une série de statuettes de divinités en bronze ; le commerce, et quelques exemples de biens échangés ; la vie après la mort, avec une série de sarcophages en pierre, en marbre et en terre cuite ; l’artisanat – coupes en bronze ciselé, œufs d’autruche, coquillages et ivoires gravés. Mais aussi les bijoux, les thymatières (brûle-encens en bronze) et les dea tyria gravida (figurine d’une déesse tyrienne enceinte en terre cuite).
Côté scénographie, l’IMA nous avait habitués à des mises en scène plus soignées, comme celle récemment réalisée pour la collection d’art équestre de la Fondation Furûsiyya. Destinées à attirer les foules avec des expositions didactiques dont le grand public est particulièrement friand, les salles d’expositions temporaires, aux passages parfois très exigus, peinent à accueillir confortablement tous ses visiteurs. S’il n’est pas dépourvu de clarté et propose quelques tableaux réussis – comme les miroirs placés de part et d’autres des imposants sarcophages pour suggérer l’infini –, le parcours de l’exposition manque singulièrement de rythme. Les amateurs en quête de propos scientifiques plus approfondis se tourneront vers l’indispensable catalogue qui accompagne l’événement, une somme savante où un impressionnant collège de spécialistes dresse le panorama des connaissances actuelles et revient sur les derniers résultats des fouilles archéologiques.

LA MÉDITERRANÉE DES PHÉNICIENS, DE TYR À CARTHAGE, jusqu’au 20 avril, Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Place Mohammed-V, 75005 Paris, tél. 01 40 51 38 38, www.imarabe.org, tlj sauf lundi 10h-18h, jeudi 10h-21h, week-end 10h-19h. Catalogue, coéd. IMA/Somogy, 408 p., 59 euros, ISBN 978-2-7572-0130-5.

LA MÉDITERRANÉE DES PHÉNICIENS - Commissariat scientifique : Élisabeth Fontan, conservatrice en chef au département des Antiquités orientales, Musée du Louvre ; Hélène Le Meaux, docteur en archéologie - Œuvres : 401 pièces provenant de plus de 70 collections publiques françaises et internationales - Scénographie : Agence NC ; Nathalie Crinière ; Hélène Lecarpentier ; Pierre Lapeyronnie

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Voyage en Phénicie

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