Après Sugimoto l’an dernier, c’est au tour de Dove Allouche, Nan Goldin, Martin Parr, Éric Poitevin et Viviane Sassen d’investir le domaine de Trianon avec des images commandées par le château de Versailles.
Le résultat, une nouvelle fois, montre les limites de ce type de carte blanche, dont l’intérêt majeur réside surtout dans l’ouverture de lieux inaccessibles au public et dans le plaisir renouvelé que l’on a à visiter le domaine. Au Pavillon frais, on retrouve en effet un Martin Parr égal à lui-même, ainsi du traitement des visiteurs du Château de Versailles, sans grand éclat néanmoins et dans un accrochage meurtrier pour la physionomie pourtant si délicieuse de cette petite salle à manger d’été. Installé dans les galeries du Petit Trianon, le travail de Nan Goldin sur les canalisations souterraines des grandes eaux de Versailles ou sur les figures féminines sculptées des jardins ne restera pas davantage dans les annales, malgré la diffusion en fond sonore d’extraits de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne rédigée par Olympe de Gouges en 1791. Les noms des actrices retenues pour les lire ne font de l’effet que sur le papier. L’œil trouve toutefois de quoi se nourrir en découvrant les angéliques d’Éric Poitevin dans l’orangerie de Jussieu ou les étonnantes strates de couleurs naturelles du gypse révélées par Dove Allouche dans la galerie des Cotelle. Reste le travail de Vivian Sassen sur le thème de l’amour, qui convoque le grand talent de cette photographe néerlandaise bien connue dans la mode pour trouver, à chaque sujet abordé, une forme personnelle riche en contenus. Son diaporama dans le Salon des jardins est sans nul doute le temps fort de la douzième édition d’art contemporain du château de Versailles.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Viviane Sassen, reine au Domaine de Trianon