Vétheuil : l’autre refuge de Monet

Le grand public, en revanche, est moins familier de ses paysages sériels de Vétheuil. Pourtant, le bucolique village du Val-d’Oise a inspiré au maître impressionniste une de ses plus belles séries. Une des plus personnelles aussi. Le peintre immortalise en effet cette commune bordée par la Seine à deux moments distincts et marquants de sa carrière : les années de disette où il trouve refuge dans ce bourg reculé, attiré tant par son paysage que par son coût de la vie nettement moindre qu’à Paris. Symboliquement, il y peint frénétiquement la débâcle de la glace sur le fleuve, un phénomène naturel qui trouve un écho avec sa situation personnelle alors sinistre. Après y avoir séjourné à la toute fin des années 1870, le peintre revient dans la bourgade, auréolé de succès et de commandes, vingt ans plus tard. Il se concentre alors sur des paysages plus paisibles et majestueux. Si son statut a évolué, passant de rapin à artiste installé, son style a lui aussi changé. Deux décennies plus tard, les formes sont ainsi plus floues, les couleurs fondues et la composition aspirant presque à l’abstraction. Le Palais des beaux-arts de Lille, qui conserve une toile de chacune des deux périodes, a profité de la campagne de prêts du Musée d’Orsay et demandé à l’établissement parisien quatre tableaux représentant Vétheuil. Ces six toiles composent une petite exposition-dossier qui aurait gagné à être un peu plus roborative.