On a dit de lui qu’il était l’un des artistes les plus prometteurs de sa génération. Hélas ! Michel Majerus, né au Luxembourg en 1967, disparu dans un accident d’avion en 2002, n’aura pas eu le temps de constituer l’œuvre magistrale que l’on attendait. Celle qu’il laisse n’en révèle pas moins un tempérament hors norme, un immense brasseur d’images et un génial trafiquant du sens. Les expositions qu’il a eu l’occasion de faire laissent le souvenir d’incroyables charges concentrées de
citations, de styles et de motifs.
Il revenait à sa ville natale de le célébrer à la mesure de son talent. Dotée depuis peu d’un magnifique musée signé de l’architecte Ieoh Ming Pei, le Mudam, celle-ci n’a pas attendu pour s’y appliquer. Dirigé par Marie-Claude Beaud, le musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean présente donc, en son pays, la première grande exposition de Michel Majerus. Celle-ci est à tous points de vue étonnante.
Elle fait tout d’abord preuve d’une exceptionnelle vitalité et d’une insatiable richesse d’invention plastique. Elle témoigne ensuite de l’intelligence d’une culture universelle, dont l’appréhension passe par le soin d’un positionnement critique fortement appuyé. Elle instruit enfin une esthétique prospective qui vise à mettre en équivalence tous les médiums visuels et à les considérer dans leur simultanéité.
Les modalités par lesquelles cette fusion s’opère relèvent tant de l’explosif que du poétique. Les différentes séries d’œuvres que l’artiste a réalisées jouent avec la même ivresse d’emprunts au Pop Art qu’à l’abstraction la plus colorée, à l’image publicitaire qu’à la référence historique. Ce qui fait la force de ce travail est sa façon d’occuper l’espace où il s’exerce, jusqu’à en faire un lieu complètement personnalisé.
Quelque chose de vertigineux est ici à l’œuvre, quelque chose qui nous entraîne bien au-delà du miroir, en plein cœur de la peinture, car c’est elle la main courante et Michel Majerus ne la lâche pas un seul instant.
« Michel Majerus », musée d’Art moderne Grand-Duc Jean, Mudam, 3, Park Draï Eechelen, Luxembourg, tél. 00 35 24 53 78 51, jusqu’au 7 mai 2007.
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Vertigineux Majerus
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Vertigineux Majerus