Le château de Versailles incarne tant le Grand Siècle que l’on ignore souvent combien il est pétri d’influences antiques.
Lorsque Louis XIV quitte Paris pour Versailles, il décide en effet d’inscrire son règne sous l’égide de la Rome impériale. Si, depuis la Renaissance, l’Antiquité est la référence absolue pour les monarques, jamais un roi n’avait collectionné avec une telle frénésie les œuvres provenant de la Ville Éternelle, tels Germanicus et Cincinnatus, mais aussi de fouilles françaises, comme la superbe Vénus d’Arles.
Cette politique d’acquisition va cependant bien au-delà de simples considérations esthétiques. Elle est motivée par trois ambitions : accroître le prestige du souverain, fournir des éléments de décoration aux résidences royales et proposer des modèles grandioses aux artistes modernes. Œuvres anciennes et créations contemporaines, nourries de références historiques et mythologiques, ressuscitent alors une Antiquité rêvée, recomposée à la gloire du Roi-Soleil. À la Révolution, ce rêve de magnificence prend fin ; le château est démeublé et ses œuvres dispersées dans les collections nationales.
Plus de deux siècles après leur départ, les antiques regagnent Versailles, accompagnés d’œuvres des XVIIe et XVIIIe modelées par cet héritage. Alors que l’on aurait pu craindre un exposé trop didactique sur l’utilisation de l’Antiquité dans l’élaboration de la propagande artistique, les commissaires de l’exposition ont, au contraire, su mettre en scène ces œuvres afin de raconter une histoire du goût sous l’Ancien Régime. Chaque salle aborde ainsi un propos autonome et complémentaire : la présentation des antiques, leur influence sur les Temps modernes, mais aussi la survivance de la mythologie au XVIIIe siècle dans des sujets galants. Une belle démonstration à travers quelque deux cents pièces – sculptures, peintures, tapisseries, dessins, gravures, mobilier et objets d’art – qui permet de mieux comprendre le programme iconographique et les partis pris artistiques d’un château dont la démesure n’a rien à envier à la pompe impériale.
Château de Versailles, place d’Armes, Versailles (78), www.chateauversailles.fr
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Versailles - La nouvelle Rome
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Versailles - La nouvelle Rome