Le Musée de l’Histoire de France à Versailles, « oui, certes, mais ce n’est pas de la peinture que l’on regarde là ; on y lit une espèce de grand journal mural, des images d’Épinal comme au Panthéon la sainte Geneviève ». Le visiteur actuel partagera sans doute l’avis de Cézanne devant les treize salles Empire du musée de Louis-Philippe, restées intactes depuis 1837 et dévoilées pour la première fois aux yeux des appétits contemporains. Ici, au rez-de-chaussée de l’aile du midi, la peinture d’histoire règne en maître. La grande peinture d’histoire, certes, celle de Gros, Girodet, David, dont on retrouve avec plaisir quelques morceaux de bravoure (Napoléon à Eylau, La Révolte du Caire, Le Premier consul franchissant le Mont Saint-Bernard). On est toutefois quelque peu gêné dans l’appréhension des toiles par la muséographie de l’époque : accrochage à touche-touche, cadres richement dorés et ornementés, lambris de faux marbre, panneaux allégoriques en grisaille d’or... autant d’artifices qui ravalent ces œuvres d’art au rang d’image et d’illustration. Le visiteur se trouve par ailleurs confronté à une histoire événementielle et militaire, animée d’événements devenus obscurs – qui se souvient de la prise du défilé fortifié de La Cluse ? – bref à une vision de l’histoire totalement périmée pour une génération élevée à l’École des Annales. Ne disposant plus aujourd’hui des clés immédiates de compréhension des œuvres, le public risque de ne pouvoir décrypter le message politique qui présidât à la sélection iconographique de Louis-Philippe, éclose sur une volonté de réconciliation des français, l’éveil d’un sentiment patriotique, la défense de la monarchie et de l’Église. Si le Musée de l’Histoire de France – dont Versailles organise progressivement la réouverture depuis huit mois – est ainsi difficile à revisiter avec nos yeux d’historiens ou d’amateurs d’art actuels, il présente un intérêt évident du point de vue de l’histoire de la muséologie et du goût. Les Salles Empire ne manqueront pas non plus de réjouir les inconditionnels de l’Empereur. Quant à ceux que cette épopée napoléonienne laisse de marbre, ils trouveront dans l’actualité versaillaise un autre événement d’importance, dans le Grand Cabinet de Madame de Maintenon : l’exposition d’une cinquantaine de dessins parmi les 66 acquis ces dix dernières années sous la houlette de Xavier Salmon. Avec des œuvres de Jules Hardouin-Mansart, Noël Coypel, Jacques-André Portail... conservant le souvenir d’œuvres disparues ou témoignant des transformations qui affectèrent le château et ses jardins au cours des siècles.
VERSAILLES, Château, Musée de l’Histoire de France - Ouverture des salles Empire, jusqu’au 2 mai, « Nouvelles acquisitions du Cabinet des dessins », 2 mars-2 juin.
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Versailles, à la gloire de l’Empire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Versailles, à la gloire de l’Empire