À l’occasion de son exposition à la galerie cent8-serge le borgne, à Paris, Véronique Joumard répond à nos questions.
Le titre de votre exposition, “Orange, miroirs, lumières, travelling, vidéo”, est très descriptif. S’agit-il d’un scénario qui se déroule ?
Plutôt un parcours. L’architecture de la galerie – des espaces longs formant un “L”, avec une salle intermédiaire – induit un déroulement dans la visite de l’exposition. C’est peut-être cela qui rejoint votre idée du scénario, la succession des œuvres présentées comme une succession de plans. Le titre décrit les œuvres selon leur ordre d’apparition.
Qu’est-ce qui attend le visiteur ?
L’exposition commence avec Orange, un mur recouvert d’une peinture orange et thermosensible (la couleur se modifie à la chaleur). Orienté au sud, la couleur évolue d’un orange foncé à un jaune vif, et révèle les dessins du soleil sur la paroi, les empreintes des visiteurs, ou la présence d’un tuyau d’eau chaude encastré dans le mur. L’effet est réversible, cette peinture se modifie donc au fil des jours.
Vient ensuite la salle des miroirs. De formats panoramiques, accrochés au mur à des hauteurs différentes, les miroirs forment une frise qui court sur toute la longueur de cette première grande salle. Grâce à un procédé spécial, ils permettent de voir l’image réfléchie quand on les regarde de côté. De face, l’image se brouille, disparaît. Toute une gamme de jeux de reflets, d’opacités est alors possible.
Face aux miroirs, un diptyque photographique : Travelling, deux images prises en Grèce d’un bâtiment en construction. Ce qui devrait être des murs est un paysage cadré par des colonnes, un toit. Le regard passe d’une image à l’autre en suivant la ligne d’horizon. Accroché sur un mur qui interrompt le rythme des fenêtres, particulier à cette galerie, Travelling propose une ouverture reflétée par les miroirs.
Visibles de la même salle, les surfaces réfléchissantes amorcent la suite. Un textile recouvert de microbilles de verre est collé sur des portes, ainsi que sur une large bande faisant face aux fenêtres. Ce matériau renvoie la lumière, l’irise, la module selon l’angle de vue.
Là, j’ai décidé de montrer une pièce plus ancienne, datant de 1993 (le reste a été réalisé entre 2002 et 2003), qui correspond aux “lumières” du titre de l’exposition. Composée de globes de verre, d’ampoules et de fils électriques branchés presque organiquement sur la même prise, elle relie ainsi cette exposition à des propositions plus anciennes qui utilisaient des éléments standard liés à la lumière électrique.
La dernière salle est entièrement occupée par une projection vidéo, TGV Vidéo, une forme de tapisserie à la limite de l’abstraction où des fils, tantôt noirs tantôt éclairés par le soleil, montent et descendent sur fond de ciel gris ou bleu. L’ensemble est éclairé par la lumière du jour, intense en cette saison de l’année.
Miroirs et reflets, transparences, peinture thermosensible sur baie vitrée, lumières, couleurs, jeux de perception… Peut-on dire de votre travail qu’il est “atmosphérique”, qu’il crée des ambiances, des espaces introspectifs ?
Introspectif je ne crois pas, dans la mesure où quasiment toutes les œuvres proposées ont un rapport avec l’extérieur. Mais évidemment, cela joue avec la perception. Certains matériaux utilisés, issus des nouvelles technologies, induisent aussi un rapport au magique.
Quels rôles jouent précisément la photographie et la vidéo dans cette exposition ? Quel est votre rapport à l’image en général ?
En général, ce serait trop long. J’ai toujours fait beaucoup de photographies et, depuis quelques années, de la vidéo… mais plutôt comme prise de notes. Cela a évidemment une influence sur ma production, mais, dans le cadre de cette exposition, les images présentées, photos ou vidéos, viennent ponctuer un parcours, proposer des espaces, au même titre que les autres pièces.
Votre travail est fait d’une grande économie de moyens. Quel est votre lien à l’art minimal ?
Un lien très fort, mais ce sera pour le prochain entretien...
Galerie cent8-serge le borgne, 108 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 01 42 74 53 57, jusqu’au 19 juillet.
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Véronique Joumard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°174 du 27 juin 2003, avec le titre suivant : Véronique Joumard