Qu’en est-il de l’influence et de la réception en France de l’œuvre de Vélasquez ? C’est la question que pose l’exposition du Musée Goya de Castres.
On est d’abord surpris du peu d’écho que son génie suscite au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Est-ce parce que la plupart des œuvres, appartenant aux collections royales, restent inaccessibles au public ? Le Musée royal de Madrid n’est en effet créé qu’en 1819. Quoi qu’il en soit, il faut attendre le XIXe siècle pour qu’une curiosité s’éveille. L’invasion napoléonienne, puis, surtout, la création du Musée espagnol dans cinq salles du Louvre en 1838, sont les véritables catalyseurs d’un intérêt qui se développe aussi à la faveur de la vogue orientaliste. L’Espagne apparaît alors comme la première porte de l’Orient. Géricault et Delacroix d’abord, puis Millet, Ribot, Bonvin, Courbet, se passionnent pour la peinture espagnole, dont ils retiennent surtout le sombre réalisme. Dehodencq, Bonnat, Briguiboul font le voyage au Prado. Carolus-Duran s’enthousiasme pour Vélasquez en qui il trouve le modèle d’une virtuosité étincelante. Manet se rend en Espagne en 1865.
Les sujets d’inspiration espagnole envahissent son œuvre. Mais au-delà des sujets, c’est une véritable leçon de peinture que Manet tire des œuvres du grand Sévillan, « le peintre des peintres » comme il l’appelle. La leçon vaut pour toute la génération impressionniste, de Degas à Renoir : « le petit ruban rose de l’Infante Marguerite, tout l’art de peindre est là-dedans ! » s’écrie ce dernier. L’héritage est capital pour l’art moderne, si l’on pense, comme Ortega y Gasset, que Vélasquez « réduit la peinture à la visualité » et qu’il s’agissait pour lui, de « peindre la peinture ».
CASTRES, Musée Goya, 9 juillet-3 octobre.
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Vélasquez revu par le XIXe français
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Vélasquez revu par le XIXe français