Varda en profite

C’est donc très naturellement que cette grande sentimentale a répondu avec l’enthousiasme qu’on lui connaît à l’invitation du Musée Paul-Valéry. Et elle n’a pas lésiné, installant un nombre impressionnant de ses œuvres réalisées par la Agnès Varda plasticienne depuis 2003.

On y retrouve ses musts comme Patatutopia, réalisé pour sa première Biennale de Venise en 2003, ensemble de trois films et 700 kg de pommes de terre, tubercules dont elle adore les formes alambiquées. L’œuvre vidéo des Veuves de Noirmoutier, réalisée en 2005, est également de la partie. On oublie souvent qu’Agnès Varda a commencé comme photographe : un autoportrait éclaté sur mosaïque miroir de 1949 le rappelle et annonce déjà les obsessions.

Ses derniers travaux, des triptyques mêlant un portrait à deux images animées, témoignent de l’hésitation constante entre l’image animée et l’image fixe. En 1982, elle réalisait Ulysse à partir d’une photographie éponyme de 1954, puis en 2007 tournait Les Gens de la terrasse, inspirés par une photographie prise sur la terrasse de Le Corbusier en 1956. Agnès Varda continue avec cette gourmandise intacte à sonder la mémoire des images en y immisçant son imagination. Entre terre et mer, entre patates et cannes à pêche, Varda ne s’ennuie jamais grâce aux images.