Moins connu que Mondrian ou que Theo Van Doesburg, Georges Vantongerloo, né à Anvers en 1886, mort à Paris en 1965, n’en demeure pas moins l’une des figures essentielles de l’art abstrait géométrique tel qu’il se développe dans l’entre-deux-guerres. Fidèle à sa politique d’exposition consacrée aux avant-gardes du XXe siècle, plus particulièrement versant abstrait, le musée Matisse a eu l’excellente idée d’organiser la première rétrospective française de l’artiste. Une façon de rattraper un manquement de l’histoire.
Auteur d’articles théoriques parus dans la revue De Stijl, signataire en novembre 1918 du premier manifeste du groupe du même nom, Vantongerloo n’y joua qu’un rôle secondaire. C’est que, si son œuvre en volume apparaissait à Van Doesburg comme la preuve que les principes fondamentaux du Stijl pouvaient être aussi appliqués à la sculpture, Mondrian mit plus de temps à l’admettre. Peu importe d’ailleurs puisque, fort de ses « Réflexions », titre de la série de ses articles, l’artiste déclinait son œuvre dans toutes les dimensions.
Féru de sciences et de mathématiques, Vantongerloo appuya tout d’abord la conception de ses œuvres sculptées et peintes sur des motifs figuratifs épurés et analysés selon une méthode de tracés régulateurs transformant le réel en un jeu de construction. Ainsi des Interrelations de volumes qu’il multiplie au tournant des années 1919-1920. Puis, abandonnant tout référent naturel, il poursuivit en donnant une motivation géométrique à ses compositions, voire les justifiant comme la transcription géométrique d’une équation algébrique. En 1931, sa participation à la fondation du groupe Abstraction-Création témoigne de son orientation résolument radicale que prend sa démarche, tout comme l’illustre le titre de ses œuvres à l’instar de Fonction de lignes courbes et droites (1937).
Davantage expérimentales au regard de la question des matériaux, les œuvres des années 1945-1960 quêtent après des formes plus souples faites de caoutchouc et de ressorts. Ses compositions réfèrent à une idée nucléaire, sinon cosmique : Nucleus, Cocon, Chrysalide, Embryon, Des écliptiques, un soleil de notre galaxie, avec deux de ses planètes. Mais l’intérêt de cette rétrospective réside surtout dans ce qu’elle montre des complicités échangées par Vantongerloo avec certains de ses contemporains comme Torres-Garcia, Archipenko ou Domela et de l’influence exercée sur des plus jeunes comme Arden-Quin (lire p. 44), Schöffer ou Morellet.
« Georges Vantongerloo (1886-1965). Un pionnier de la sculpture moderne. De la sphère à l’aurore boréale », musée départemental Matisse, palais Fénelon, Le Cateau-Cambrésis (59), tél. 03”‰27”‰84”‰64”‰50, jusqu’au 2 mars 2008.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Vantongerloo
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°598 du 1 janvier 2008, avec le titre suivant : Vantongerloo