L’œuvre poétique de Paul van Ostaijen s’est imposée comme un des moments littéraires les plus importants de l’histoire des avant-gardes en Belgique. Poète, critique, peintre et marchand à ses heures, van Ostaijen, mort en 1928, reste méconnu. Une exposition remarquable retrace l’évolution de sa personnalité.
ANVERS - L’évolution du jeune poète Paul van Ostaijen s’amorce dans l’enthousiasme pour une modernité vouée à la machine et à la vitesse. Celle-ci enflamme son imaginaire dans Music Hall (1916), un recueil entre Expressionnisme et Futurisme.
Mais la guerre impose rapidement un retour à l’homme et une implication politique croissante. Het Sienjaal, de 1918, reste comme un des chefs-d’œuvre de la littérature avant-gardiste flamande. Très vite, le poète fuit la Flandre, craignant que son activisme politique ne lui attire des représailles. Il part pour Berlin et sa bohème dadaïste. Van Ostaijen s’y exerce aux nouvelles typographies et aux calligrammes. Le poète se rapproche des peintres, sentant, à l’instar des surréalistes, combien le mot vaut en tant qu’image. Le dialogue avec les peintres enrichit rapidement son expérience : il travaille avec Paul Joostens, René Magritte, Prosper De Troyer et les frères Jespers. Il peint lui-même et se lance à Berlin dans le marché de l’art comme défenseur des surréalistes.
L’exposition du Hessenhuis met l’accent sur cette collaboration avec les peintres et, plus particulièrement, sur les relations qui unirent van Ostaijen aux frères Oscar et Floris Jespers. Placée sous le commissariat de Jean Buyck, le plus grand spécialiste des avant-gardes en Belgique, elle dépasse le cadre d’une simple amitié artistique pour brosser un large panorama des avant-gardes qui fleurissent à Anvers au début des années vingt. Basée sur une sélection rigoureuse des œuvres, elle éclaire sous un nouveau jour la personnalité artistique de van Ostaijen et lui donne une densité qui dépasse largement le cadre de l’Expressionnisme.
Sa mort, survenue en 1928, mettra un terme à une œuvre vécue comme une aventure… Juste avant que ne sonne le retour à l’ordre.
PAUL VAN OSTAIJEN ET LES FRÈRES JESPERS, jusqu’au 3 novembre, Hessenhuis, Falconrui 53, Anvers, tél : (3) 232 84 28, tlj sauf lundi, 10h-16h45.
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Van Ostaijen, le peintre des mots
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Van Ostaijen, le peintre des mots