Art moderne

XIXE SIÈCLE

Van Gogh, ses amis, ses amours

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 14 novembre 2019 - 520 mots

Pour la première fois, le peintre hollandais est présenté sous l’angle de ses relations, nombreuses et souvent inspirantes pour lui.

's-Hertogenbosch (Bois-le-Duc) (Pays-Bas). « En trente-sept ans, Vincent Van Gogh a vécu dans 23 lieux différents », précise la légende d’une carte dessinée sur un mur du Noordbrabants Museum. Les expositions sur ces différentes étapes du peintre (1853-1890) sont courantes. Ainsi, « Van Gogh and Britain » a été cette année programmée à Londres. Mais c’est la première fois que sont présentés ceux qui partagèrent sa vie dans tous ces endroits : famille, amis, maîtres, élèves et amours. Il a suffi aux commissaires – Sjraar van Heugten, spécialiste de l’artiste, et Helewise Berger, conservatrice au Noordbrabants Museum où sont conservées onze de ses œuvres – de changer l’angle de vue pour donner un nouveau visage au peintre.

Si la lecture de ses lettres apprend qu’il fréquentait beaucoup de monde et échangeait notamment avec de nombreux confrères, l’image qui reste de lui est celle d’un misanthrope, d’un solitaire incapable de communiquer. Cette exposition démontre le contraire (même si elle ne cache pas le caractère difficile de Van Gogh) en présentant chronologiquement une quarantaine de peintures, dessins, estampes et écrits de sa main, des œuvres d’autres artistes, des photographies et objets, telle la bible dont son père se servait.

Combattre les clichés

La première idée fausse combattue par les commissaires est que Vincent était un incompris dans sa famille. Sa mère, lettrée et artiste, lui a certes reproché certains de ses choix. Au Vincentre, centre d’interprétation installé à Nuenen, dans ce Brabant qui consacre un itinéraire au peintre, on peut entendre le texte d’une lettre qu’elle lui a écrite pour le dissuader de poursuivre sa liaison avec une ancienne prostituée, Clasina « Sien » Hoornik. Mais le pasteur Van Gogh a toujours eu soin de secourir son fils et la famille l’a recueilli à chaque désillusion. Quant à son frère Théo, on sait quel a été son rôle dans sa vie.

La centaine d’œuvres et d’objets exposée montre également ses liens avec les artistes : son cousin par alliance, Anton Mauve, et plusieurs membres de l’école de La Haye, les « disciples » auxquels il a enseigné la peinture (Anton Kerssemakers, Willem van de Wakker), les Français Bernard, Toulouse-Lautrec, Pissarro, Seurat, Signac et, bien sûr, Gauguin. L’exposition ne présente pas toujours les œuvres iconiques que l’on pourrait attendre – Vincent Van Gogh peignant des tournesols par Gauguin ou L’Homme au béret rouge (Gauguin) par Van Gogh, par exemple – et le portrait du Hollandais par Toulouse-Lautrec est en ce moment exposé à Paris [au Grand Palais]. Mais peu importe : cette vie de fraternité artistique est largement évoquée et le beau portrait par John Peter Russel, Vincent Van Gogh (1886), révèle à lui seul l’admiration qu’il pouvait inspirer.

La plupart des œuvres viennent des musées hollandais, mais l’Art Institute de Chicago a prêté Madame Roulin (La Berceuse) (1889) et la Galleria nazionale d’arte moderna e contemporanea de Rome, L’Arlésienne (Madame Ginoux) (1890), pour évoquer les amitiés d’Arles, étape de ce passionnant itinéraire qu’un petit livret en français gratuit permet de suivre sans difficulté et qu’un catalogue en anglais, très complet, accompagne.

Van Gogh’s Inner Circle (Van Gogh et les siens),
jusqu’au 12 janvier 2020, Het Noordbrabants Museum, Verwersstraat 41, ‘s-Hertogenbosch (Hollande).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°533 du 15 novembre 2019, avec le titre suivant : Van Gogh, ses amis, ses amours

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