Dans un Musée des beaux-arts fraîchement restauré, logée dans des salles sobrement et dignement aménagées, l’exposition conçue par Christopher Brown joue de dépouillement et de monumentalité pour rendre sensible l’esprit qui anima l’œuvre de celui qui allait devenir, en 1632, le peintre de la cour de Charles Ier d’Angleterre.
ANVERS (de notre correspondant). Organisé chronologiquement, le parcours témoigne d’un désir de sélection. Point de surcharge ni d’accumulation documentaire. En une centaine de pièces, l’évolution de l’artiste est retracée à partir d’une succession de chefs-d’œuvre venus de Vienne, Dresde, Gênes, Londres, Saint-Pétersbourg, Washington ou encore Los Angeles. Accrochées de façon aérée, les œuvres trouvent leur souffle et entament leur dialogue. Celui-ci se révélera fécond, aussi bien pour le néophyte que pour le spécialiste. Si l’accrochage s’offre quelques effets de théâtralité, justifiés par des pièces qui elles-mêmes fonctionnent picturalement selon des codes théâtraux, la mise en scène reste au service de l’œuvre. Ainsi, dès la deuxième salle regroupant des portraits exécutés autour de 1620, le visiteur voit se mettre en place une rhétorique des mains dont il pourra apprécier la progression tout au long de l’exposition. De même, l’extraordinaire section consacrée aux compositions monumentales réalisées à Gênes tient du miracle. Les œuvres opèrent les unes par rapport aux autres selon un jeu de tension qui se retrouve au sein des toiles mêmes. Plus loin, des tableaux comme L’Extase de saint Augustin ou L’Érection de la Croix ont retrouvé un peu de leur réalité en regagnant, grâce à un subterfuge discret, leur disposition de tableau d’autel. Tout en évitant l’écueil de la recomposition arbitraire, les organisateurs ont ainsi suggéré les conditions visuelles qui présidaient, originellement, à leur perception. Il faut aussi saluer la qualité de l’appareil pédagogique. À côté d’un catalogue très classique, le musée propose un audio-guide qui laisse le visiteur libre d’organiser sa visite en choisissant ses points d’arrêt. Mieux, des documents annexes, comme des lettres, ont été intégrés en annexe pour offrir autant de niveaux de lecture. Les enfants n’ont pas été oubliés : des commentaires allégés et vivants leur permettent de pénétrer l’œuvre à partir d’un récit adapté. En marge de la rétrospective, deux expositions permettent de creuser certains aspects de la gravure qui, à côté de créations importantes, a largement contribué à asseoir la renommée du peintre, et du paysage qui témoigne d’un regard neuf porté sur la nature.
Jusqu’au 15 août, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers, tél. 32 70 23 37 99, tlj 10h-18h, mardi et jeudi 10h-21 h. Catalogue 350 p., 1 250 FB.
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Van Dyck : une rétrospective à la hauteur des enjeux
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Abonnez-vous dès 1 €À côté de la rétrospective, signalons deux expositions, ouvertes tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h, jusqu’au 22 août : “Van Dyck - Paysages, source d’inspiration”? à la Rubenshuis (Wapper 9-11), et “Van Dyck - Graveur touché par la grâce”? au Musée Plantin Moretus (Vrijdagmarkt). Le festival “Antwerp Open”? décline d’autres événements. Le Provinciaal Museum Sterckshof présente jusqu’au 15 août un panorama de l’orfèvrerie à l’époque de Sir Anthony, tandis que la Hessenhuis, la Stadsbibliotheek et le Volkskundemuseum s’associent pour témoigner de la récupération romantique de Van Dyck. Au Mukha, “Trouble Spot.painting”? retrace 50 ans de figuration contemporaine, et au Middelheim Museum, Henry Moore est à l’honneur jusqu’au 15 août. Informations générales et programme complet d’“Antwerpen Open”? au 32 70 23 37 99.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°84 du 28 mai 1999, avec le titre suivant : Van Dyck : une rétrospective à la hauteur des enjeux