Utopies, réels imaginaires

L’Hypertélescope d’Antoine Labeyrie, astronome professeur émérite au Collège de France, côtoie le Télétransporteur de Vincent Gilly, architecte. « Qualifier quelque chose d’utopique consiste à le disqualifier et à le considérer comme irrationnel », confie Gérald Panighi, auteur de savoureux dessins qui pointent leur satire non loin d’un court métrage sur le Trou noir de Gilles Bogaert, physicien au CNRS et historien des sciences. Se référant à Utopia, l’ouvrage de Thomas More à l’origine de la pensée utopiste, Claire Dantzer interroge l’idée de possession et de valeur de l’objet : « Parant de dorure des objets “sales”, “vils”, je signale et contredis l’anéantissement de leur valeur, telle une archéologie du temps présent inversé. » Au cœur des virtualités les plus improbables, Laurent Perbos donne libre cours à ses chimères : « Après avoir interprété des œuvres de la peinture moderne, en utilisant toutes sortes d’objets qui n’appartiennent pas au champ pictural, comme des oiseaux taxidermisés, par exemple, je m’emploie aujourd’hui à explorer de nouveaux champs, tout autant sémantiques que poétiques. Je n’envisage plus l’oiseau taxidermisé comme le simple élément d’une peinture, mais plutôt que celui-ci devienne le tableau lui-même. Je souhaite que son plumage se dessine au motif d’un Piet Mondrian… mais cela ne reste, pour l’instant, qu’une utopie. »