Une rétrospective au pluriel

Un an plus tard, « Stories » à l’Hospice Comtesse prolonge cet événement et cette collaboration. Mais la rétrospective annonce aussi un autre anniversaire : l’arrivée en 1984 de l’artiste à Lille, où il a longtemps enseigné l’anglais avant que l’essor du street art, autour des années 2000, ne le campe en pionnier de cette nébuleuse. N’allez pas pour autant chercher dans « Stories» une exposition d’art urbain : selon Jef Aérosol, l’estampille ne fait aucun sens s’agissant d’une exposition muséale. À l’Hospice Comtesse, ses interventions dans les villes du monde entier sont la portion congrue. Elles se trouvent ramassées, tout au fond de la salle des malades, dans une sélection de 36 tirages photographiques de format modeste. L’exposition entend en effet raconter d’autres histoires. Grâce à un corpus d’œuvres d’atelier (dessins de jeunesse, autoportraits et portraits de personnalités publiques ou d’enfants, interventions in situ), « Stories» souligne d’abord la fascination de l’artiste pour la figure humaine. Elle déroule aussi l’histoire d’un peintre mélomane et musicien dont les sources d’inspiration éclatent dans une série de toiles, mais surtout d’installations. Parmi ces dernières, l’impressionnante Lifestyle, déjà montrée dans une autre version à la Galerie Mathgoth, qui rassemble dans la chapelle plus de 200 personnages, célèbres ou anonymes, peints au pochoir à l’échelle 1 sur carton ondulé. Point d’orgue d’une profusion assumée d’objets, de toiles, de pochoirs, de publications, de pochettes de disques, etc., elle confirme que Jef Aérosol, artiste pluriel, a bien plus d’une corde à son arc. Ou à sa guitare.