L’exposition “Rabisch�? explore un territoire jusqu’alors peu connu : celui du Maniérisme milanais, qui atteint son apogée dans les tableaux de Vincenzo Campi et d’Arcimboldo. Synthèse du goût pour le naturalisme et le grotesque crémonais, de l’illusionnisme flamand et du sens de la caricature, tel que l’avait déjà expérimenté Léonard de Vinci, ce mouvement de la seconde moitié du XVIe siècle représente aussi une réaction à la peinture officielle de la Contre-Réforme.
LUGANO - L’intitulé assez long de l’exposition de Lugano résume son propos. “Rabisch” (c’est-à-dire “arabesque”) est le titre du plus ancien recueil imprimé en dialecte lombard, et l’Accademia di Val di Blenio faisait, par provocation, référence à la vallée tessinoise d’où étaient traditionnellement issus les portefaix. Fondée à Milan en 1560, elle rassemblait des artistes qui arboraient les vêtements grossiers des porteurs et pratiquaient une peinture volontairement triviale, naturaliste et profane, en complète opposition avec le discours officiel de la Contre-Réforme, dont le grand représentant, Charles Borromée, était justement titulaire de l’archevêché de Milan. Quant au peintre et essayiste Giovan Paolo Lomazzo, il figurait parmi les membres de cette académie un peu à part.
L’exposition, qui présente plus de 150 pièces, débute par les caricatures de Léonard de Vinci et d’autres exemples précoces de la provocation en Italie et aux Pays-Bas : œuvres érotiques, comico-carnavalesques, scènes de marché et de boucherie. À côté de ces tableaux profanes et grotesques, figurent les cristaux, camées, médailles et pièces brodées qui ont fait la réputation de Milan dans toutes les cours d’Europe. Le théâtre, la musique et la littérature sont également représentés par de nombreux documents. Enfin, toute une section de l’exposition s’intéresse à la production religieuse de Lomazzo.
“RABISCH�?, LE GROTESQUE DANS L’ART DU XVIe SIÈCLE. L’ACCADEMIA DI VAL DI BLENIO : LOMAZZO ET LE MILIEU MILANAIS, jusqu’au 21 juin, Musée cantonal d’Art, via Canova 10, Lugano, tél. 41 91 910 47 80, tlj sauf lundi 10h-18h, mardi 14h-18h, catalogue édité par Skira.
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Une réaction à la Contre-Réforme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : Une réaction à la Contre-Réforme