Décentré. - En s’attachant aux cultures méditerranéennes, le Mucem assumait dès son ouverture, il y a dix ans, sa différence par rapport au centralisme d’État.
Une autre histoire du monde pousse plus loin cette ambition, et se coule dans un élan global de mise à distance de la vision occidentale. Sous la houlette de Fabrice Argounès, géographe, de Camille Faubourg, conservatrice et de Pierre Singaravélou, historien, l’exposition propose d’embrasser l’histoire du monde du XIIIe siècle au XXIe siècle, en rompant avec la vision européanocentrée. À travers 150 objets issus des cinq continents, elledonne à voir d’autres manières d’approcher le temps et l’espace, mais aussi l’altérité. Ce décentrement mêle cartographie, arts visuels, objets archéologiques, arts décoratifs, enregistrements, photographies ou affiches de cinéma. Grâce aux prêts de nombreuses institutions (BNF, Quai Branly, Musée Guimet, etc), il permet la mise en lumière d’œuvres et de documents rarement, ou jamais, sortis des réserves. Succède ainsi au tableau L’Allégorie à la gloire de Napoléon – qui résume à lui seul l’écart entre la vision française de l’histoire et celle des peuples asservis –, un ensemble de pièces fascinantes dont un autoportrait de Chéri Samba renversant une mappemonde, une carte étonnante des îles Marshall en bois et coquillages, une encyclopédie et un improbable inventaire japonais de la diversité humaine… Cette matière foisonnante a de quoi désorienter, tant elle tranche avec nos représentations. La scénographie didactique et le parcours en six sections clairement identifiées la rendent pourtant bien lisible. Plus qu’une autre histoire du monde, le Mucem s’intéresse au regard des autres, et amorce au passage une réflexion sur les collections européennes et leur rôle dans la fabrique des récits nationaux.
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Une perspective renversée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°771 du 1 janvier 2024, avec le titre suivant : Une perspective renversée