Une nouvelle histoire des lignes

Au Grenier à sel (Avignon), « La mécanique du trait » entend illustrer cet élan grâce à un corpus resserré d’une dizaine d’artistes émergents et confirmés. Après avoir célébré le geste manuel au travers deux films (Narciso d’Oscar Munoz et Le Mystère Picasso de Clouzot), l’exposition fait d’abord la part belle aux pionniers du dessin automatisé. Les Meta-Magic de Jean Tinguely y précèdent les œuvres assistées par ordinateur de Vera Molnar et questionnent d’emblée l’apport de la mécanique et de l’informatique à la production du trait, entre soutien au geste, écart esthétique et recherche de formes et d’écritures nouvelles. Dans leur continuité, les œuvres exposées dans « La mécanique du trait » déplient les potentialités ouvertes au dessin par les technologies. Elles mobilisent ainsi un très large éventail de médiums et de protocoles, et beaucoup s’émancipent de la feuille pour conquérir les murs, les écrans, et même les télécrans (Stéphane Lallemand). Le dessin s’y présente parfois comme un exercice sous contrainte dicté par l’algorithme (Tina & Charly) ou soucieux d’imiter la répétition mécanique (Dominique Castell). Chez Catharina Van Eetvelde et Yannick Jacquet et Fred Penelle, il se renouvelle à l’aune des formats vectoriels ou du data design. Mais c’est surtout en matière de narration que les technologies s’avèrent fécondes. En s’ouvrant à l’animation (Serge Bloch), à la réalité augmentée (Adrien M et Claire B) ou la virtual reality (Christophe Monchalin), le dessin devient le fil conducteur du récit et la matière d’œuvres puissamment poétiques.