La licorne est furieusement tendance. Mugs, tee-shirts, accessoires : en quelques années, elle s’est imposée comme la créature branchée par excellence et même l’emblème des Millenials et des start-up.
Visiblement, le Musée de Cluny, qui souffre à tort d’un déficit de popularité, notamment auprès des jeunes, a bien compris le profit qu’il pouvait tirer de son animal totem, figurant sur son chef-d’œuvre, La Dame à la licorne. L’établissement, dédié rappelons-le au Moyen Âge, sort ainsi de son pré carré pour proposer une exposition consacrée à l’engouement que suscite cet animal légendaire depuis 1500 jusqu’à l’époque contemporaine. Loin de n’être qu’une petite ouverture sur l’art moderne et actuel, cette facette occupe une place conséquente – un tiers de la surface d’exposition – pour ne pas dire disproportionnée. Un choix plus que discutable dans un musée aux espaces déjà très réduits en raison d’importants travaux. D’autant que la qualité des pièces contemporaines laisse franchement à désirer, comme en témoigne la réaction consternée des visiteurs que nous nous avons rencontrés, hébétés devant de pseudo-déjections de licorne ou un tapis façon retour de safari. Ce parti pris, clairement marketing pour dépoussiérer l’image old school de ce musée, est d’autant plus préjudiciable que le reste du parcours est cohérent et intéressant. Le premier chapitre abonde ainsi en beaux manuscrits et en objets d’art, mais qui sont, hélas, très à l’étroit dans la petite salle où ils sont cantonnés pour faire de la place à des objets gadgets. Dommage !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : Une licorne bien superficielle
