Une grande rétrospective Tony Cragg

Né à Liverpool en 1949, « star internationale » du monde de la sculpture, Cragg expose ici en voisin. En effet, il vit et travaille depuis 1977 à Wuppertal, ville industrielle du bassin de la Ruhr. C’est peu dire que l’exposition est d’une formidable intensité : tout le parcours de l’artiste est ici retracé, depuis ses débuts proches de l’Arte Povera jusqu’à ses dernières magistrales sculptures. Commençons par le troisième étage, où l’on découvre ses tout premiers travaux. Il étudiait alors à Londres à la Wimbledon Scholl of Art, puis au Royal College of Art. Une série de photos (Outlines, 1972) le montre traçant à la craie sur un mur le contour de son corps dans des postures différentes, jusqu’à constituer une fresque peuplée de traces de sa silhouette. Comment ne pas irrésistiblement penser au mythe de la caverne de Platon ? Jusqu’au milieu des années 1980, Cragg poursuit cette quête de projection de corps humains. Trente silhouettes plaquées sur un mur blanc, réalisées avec des détritus de plastique (Menschenmenge, 1984) forment une sarabande vivement colorée de 16 mètres de long. Le parcours riche de plus de cent sculptures se poursuit avec rigueur et cohérence. Chaque salle synthétise une recherche particulière liée à tel ou tel matériau : bois, verre, bronze, acier poli, céramique… Les œuvres les plus récentes apparaissent comme des accumulations de strates et de volumes rythmés, et quelques-unes sont également visibles dans la forêt à l’orée de la ville, au Skulturenpark créé en 2008 par Tony Cragg. À ne pas manquer !