Vaine sera toute tentative de trouver un propos curatorial dans l’exposition sur la jeune création internationale qui se tient à l’IAC, en parallèle de la Biennale de Lyon.
Pour la seule et bonne raison – position certes un peu décevante, mais assumée – qu’il n’y en a pas. L’idée a été de juxtaposer le travail de dix artistes, dont la moitié travaillent dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, quand les autres (proposés par les commissaires de la Biennale) sont issus des quatre coins du monde. Le titre « Jeune création internationale » nous induit un peu en erreur, car la génération présentée n’est pas plus jeune que celle exposée dans la biennale. Les artistes ont entre 25 et 33 ans. Quoi qu’il en soit, on perçoit chez ces dix artistes, comme chez ceux des Usines Fagor, un sentiment de grande incertitude face à un monde en pleine crise écologique et politique. L’exposition débute avec l’Italienne Giulia Cenci qui plonge d’emblée le visiteur dans un paysage postapocalyptique composé de formes étranges, où l’organique et le technologique s’entremêlent comme autant de corps-machines déchiquetés. À l’exception du Brésilien Randolpho Lamonier, qui s’empare avec une énergie incroyable de problématiques sociétales liées aux minorités et aux identités flottantes, les œuvres exposées tentent plutôt de repenser la place de l’homme, ses liens avec la nature et la technologie. L’hybridité formelle est souvent de mise. Certaines propositions peuvent avoir un goût de déjà-vu. On notera toutefois d’heureuses découvertes comme celle de la Hongroise Zsófia Keresztes, dont les sculptures en polystyrène recouvertes de mosaïque traduisent des formes mouvantes au sein desquelles le virtuel semble contaminer le réel. À travers une installation vidéo déployée sur trois écrans, le Lyonnais Jean-Baptiste Perret pénètre, quant à lui, sur le territoire des méthodes de guérison alternative qui explosent aujourd’hui, face au doute croissant que suscite la médecine traditionnelle. Mêlant histoire, fiction et documentaire, il invite à repenser la maladie et le corps de manière antipositiviste. L’homme n’est définitivement plus la mesure de toute chose, comme semble le suggérer l’immense drap en all-over suspendu au plafond de la Lyonnaise Charlotte Denamur, où l’on aperçoit des corps en chute libre (à moins qu’ils ne soient en apesanteur) dans un continuum spatial bleu ciel, où les repères traditionnels ont disparu.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°728 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : Une époque mutante