Peinture - On sait maintenant à quel point l’œuvre de Shirley Jaffe est restée trop longtemps méconnue ou sous-estimée.
Les peintures et dessins produits sur une très longue période, à partir des années 1950, par cette artiste américaine installée en 1949 à Paris (ville d’adoption où elle est décédée en 2016), ont déjà été révélés au public avec une première exposition d’envergure au Centre Pompidou à l’été 2022. Que la présentation du Kunstmuseum de Bâle fasse l’objet d’une collaboration avec le Musée Matisse de Nice, où elle voyagera à l’automne 2023, se comprend aisément : Jaffe adopte à partir de 1968 un nouveau langage pictural fait d’aplats géométriques aux contours découpés, usant d’un fond blanc omniprésent et d’une palette mate et unie qui augure un dialogue spontané avec l’œuvre de Matisse. L’artiste américaine réalise des toiles structurées qu’elle transforme avec le temps, selon ses mots, en « chaos organisé », introduisant çà et là des éléments irréguliers, expérimentant le pouvoir de la forme jusque dans les cadres, qui deviennent triangulaires ou ronds. Ce chaos, c’est l’univers urbain, celui de Paris particulièrement, qu’elle aime passionnément et qui se retrouve en filigrane dans ses travaux. Le choix de Bâle, comme deuxième destination de cette rétrospective itinérante est à première vue déconcertant. Pourtant, faut-il rappeler l’importance de la cité rhénane en termes de mécénat et de collectionnisme ? Quand, par l’entremise de son ami Sam Francis, Jaffe fait la connaissance d’Arnold Rüdlinger, directeur des mythiques Kunsthalle de Berne puis de Bâle, s’ouvre à son travail un tremplin en Suisse (galeries, institutions muséales et collectionneurs), ce dont l’exposition rend compte avec justesse. Et, poursuivant fidèlement cette tradition, le Kunstmuseum de Bâle a, lui aussi, à l’occasion de cette exposition, enrichi sa collection de deux tableaux de l’artiste américaine.
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Une Américaine à Paris (et à Bâle)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°765 du 1 juin 2023, avec le titre suivant : Une Américaine à Paris (et à Bâle)