Pendant les travaux de réaménagement, Saint-Maurice d’Agaune confie les plus belles pièces de son trésor médiéval au Musée du Louvre.
PARIS - Le coffret reliquaire de Teudéric et l’aiguière dite « de Charlemagne » sont des incontournables des manuels d’histoire de l’art du Moyen Âge, des petits chefs-d’œuvre d’or, d’émaux et de pierres précieuses qui ont traversé les siècles et témoignent de la virtuosité des orfèvres médiévaux. Jusqu’à l’exposition du Musée du Louvre, rares étaient cependant les chanceux à avoir pu admirer ces objets autrement que sur papier glacé : comme les autres pièces du trésor, ils n’étaient en effet jamais sortis de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune. Fondé en 515 par Sigismond, roi des Burgondes fraîchement converti à la foi catholique, ce monastère du Valais suisse fêtera bientôt son 1 500e anniversaire ; l’occasion pour la communauté de chanoines d’offrir aux salles du trésor un réaménagement complet. En attendant de regagner ce nouvel écrin, dix-neuf pièces d’orfèvrerie sont hébergées au Musée du Louvre, accompagnées de textiles précieux et d’archives qui retracent l’histoire de l’abbaye.
Sous les voûtes de l’aile Richelieu, saint Maurice en personne accueille le visiteur. Prêtée par la cathédrale de Magdebourg, en Allemagne, la statue du martyr (vers 1240) est exceptionnelle à plus d’un titre : outre sa grande beauté plastique, le saint chevalier originaire de Haute-Égypte y est pour la première fois représenté en homme noir. Une nouveauté probablement liée aux contacts noués entre l’évêque de l’époque et l’empereur Frédéric II, connu pour s’être entouré de conseillers africains.
Une coupe qui chante
Suivent les pièces phares du trésor, celles du haut Moyen Âge, remarquablement mises en valeur par une scénographie sobre, et qui valent à elles seules le déplacement. L’exposition a le mérite de présenter également les œuvres plus tardives, moins connues, moins étudiées ; elles sont ici reconsidérées sous un jour nouveau. En témoigne la coupe dite « de saint Sigismond », aux formes épurées, et qu’une bille métallique cachée dans le bouton fait « chanter » lorsqu’on la déplace. L’objet d’argent pourrait se révéler de provenance mongole. « Premier jalon d’une mise à jour des études consacrées au trésor abbatial », selon les mots de la commissaire Élisabeth Antoine-König, cette belle exposition précède de nouvelles publications, attendues en 2015 à l’occasion du jubilé.
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Un trésor d’abbaye
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 16 juin, Musée du Louvre, 75001 Paris, tél. 01 40 20 53 17
www.louvre.fr
tlj sauf le mardi, 9h-18h, jusqu’à 21h45 le mercredi et le vendredi
Catalogue, coéd. Somogy/Musée du Louvre, 144 pages, 35 €.
Légende Photo :
Coffret-reliquaire du prêtre Teudéric, Souabe (?), première moitié du VIIe siècle, Abbaye de Saint-Maurice d’Agaune. © Trésor de l'Abbaye de Saint-Maurice. Photo : Jean-Yves Glassey et Michel Martinez.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°411 du 11 avril 2014, avec le titre suivant : Un trésor d’abbaye