NANTES
Changement de décor pour le festival des créations numériques : Scopitone investit cette année l’ancien Min (Marché d’intérêt national), l’équivalent de Rungis, qui a récemment déménagé.
Cette configuration permet au festival de réunir dans un même lieu des propositions (concerts, expositions, performances…) habituellement dispersées dans la ville, et de montrer l’ampleur prise par l’événement depuis sa création en 2002. Autour de deux scènes couvertes, les anciens frigos du Min et les cellules des magasins de gros accueillent les expositions d’artistes contemporains, dont la présence est accrue cette année grâce aux possibilités d’accueil offertes par le bâtiment. Parmi celles-ci, l’installation de l’Américain David Bowen, Tele-Present Wind, montre une fascinante forêt de plantes sauvages séchées animées par le vent enregistré par un capteur situé aux États-Unis. Les anneaux de fumée crachés par le canon inventé par le Français Guillaume Cousin (Le Silence des particules) ne sont pas moins hypnotiques, comme le Cénotaphe du jeune Thomas Garnier, que l’on a pu découvrir l’an passé au Fresnoy, qui construit/démolit une ville fantôme miniature prisonnière d’un aquarium. On le voit avec ces œuvres, il n’est plus question, à Scopitone, de présenter de l’« art numérique » mais, tout simplement, de l’« art », et du bon. Cette édition signe à n’en pas douter l’âge de la maturité pour un Scopitone survitaminé qui, l’an prochain, devra probablement se réinventer sous une nouvelle formule, les gigantesques espaces du Min étant voués à la démolition en 2020. Un défi que les Nantais sauront très probablement relever.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : Un Scopitone survitaminé