Un préhistorien contre Adam et Ève

Si son nom ne vous dit rien, peut-être vous souvenez-vous des termes « magdalénien » ou « aurignacien » appris sur les bancs de l’école, et dont il est l’inventeur. Un scientifique un peu poussiéreux ? Au contraire. Anticlérical farouche, cet homme haut en couleur s’engagea en politique, notamment pour la ville de Saint-Germain-en-Laye, dont il fut le maire controversé : il fit abattre les croix dans les cimetières, et son idée de licencier les agents municipaux dont les enfants fréquentaient les écoles catholiques provoqua un scandale national. Or, c’est ce même anticléricalisme passionné qui le poussa à étudier les origines de l’homme et à développer une théorie positiviste du progrès humain, linéaire et sans accroc. Dans les vitrines de l’époque, ressorties pour l’occasion, on découvre les vestiges étudiés par ce préhistorien aux 450 écrits, qui de 1866 à 1885 œuvra pour classer les collections préhistoriques du Musée de Saint-Germain-en-Laye. Les gravures réalisées pour le Dictionnaire archéologique de la Gaule, merveilleuses par leur précision et leurs nuances, accompagnent un certain nombre d’objets exposés, racontant une page de l’histoire de l’archéologie. Ce voyage instructif dans le temps, concentré sur trois salles, ouvre un cycle de deux ans composé de trois expositions axées sur la notion d’interprétation archéologique, auxquelles s’ajoutera une exposition « grand angle ».