NATURALISME

Un nouveau regard sur Adler

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 29 novembre 2017 - 468 mots

Objet d’un colloque puis d’une rétrospective, le « peintre des humbles » a commencé à sortir du purgatoire

Dole (Jura). Si Jules Adler (1865-1952) figure dans les manuels d’histoire, ce n’est pas pour la célébrité qu’il connut sous la IIIe République mais parce que son tableau La Grève au Creusot (1893) y a souvent figuré comme illustration. Sa première rétrospective est coproduite par le Musée des beaux-arts de Dole, le musée de la Piscine à Roubaix (Nord) et le Palais Lumière à Évian (Haute-Savoie). Elle fait suite à un colloque co-organisé par le Musée de Dole et le centre Georges-Chevrier de l’université de Bourgogne, dont le catalogue rend compte. Amélie Lavin, directrice du Musée de Dole ; Vincent Chambarlhac, enseignant à l’université de Bourgogne-Franche-Comté, et Bertrand Tillier, à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris-I) en sont les commissaires.

Le peintre de la IIIe République
Adler, natif de Luxeuil, est un enfant du pays. L’une des œuvres maîtresses de la collection du musée est Paris vu du Sacré-Cœur (1936), grande toile nostalgique des dernières années de sa carrière présentée en toute fin de parcours. « J’ai une tendresse particulière pour ce tableau beau et poétique, confesse Amélie Lavin. Il est tout à fait dans l’air du temps, celui des années 1930, et déjà presque anachronique. » Son succès auprès du public et cet attachement de la conservatrice ont certainement été pour beaucoup dans l’organisation du colloque et de l’exposition, mais Adler profite aussi du mouvement de réhabilitation de « cette partie de la peinture de la fin du XIXe qui n’est pas l’avant-garde », précise-t-elle. De son côté, le chercheur Vincent Chambarlhac raconte : « Ce qui m’a retenu, chez Adler, c’est le peintre de la IIIe République. Le parcours permet de voir comment il a gagné le qualificatif de “peintre des humbles”, et comment, contrairement à ce que l’on pense, il a marqué l’histoire de l’art. »

Ce double aspect de témoin de son temps et de l’artiste « très éclectique, qui a touché à une iconographie assez variée, avec une manière plastique assez diverse », selon la conservatrice, fait toute la richesse de cette exposition d’environ 90 œuvres parmi lesquels de nombreux grands formats.

Si le début du parcours présente la formation du peintre, la suite est thématique et permet de voir évoluer son art au gré des recherches. On y découvre ses talents de reporter, lorsqu’il pose son chevalet dans les ports de pêche, devant les mines et les hauts-fourneaux, ou quand il prend le risque de partir faire des croquis sur le front, pendant la Grande Guerre. Il n’a été sollicité qu’une fois pour peindre des décors : des reproductions à taille réelle de ses toiles des thermes de Luxeuil-les-Bains (1938-1940) montrent qu’il aurait pu y déployer son talent.

Jules Adler, peindre sous la IIIe République,
jusqu’au 11 février 2018, Musée des beaux-arts, 85, rue des Arènes, 39100 Dole.
Légende photo

Jules Adler, Gros temps au large, matelotes d'Étaples, 1913, huile sur toile, 211,5 x 169.5 cm, Musée du Petit Palais, Paris © Photo : RMN (Musée du Petit Palais) / Agence Bulloz / distr. Alinari

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°490 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Un nouveau regard sur Adler

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