Art contemporain

Garges-lès-Gonesse (95)

Un monde augmenté

Le Cube – Jusqu’au 27 juillet 2024

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 26 mars 2024 - 313 mots

Hybride  - Comment les nouvelles technologies transforment-elles le monde matériel et à quelles formes, matériaux et perceptions donnent-elles naissance ? Inversement, comment la nature inspire-t-elle la conception d’artefacts technologiques et imprègne-t-elle les mondes virtuels ? « Néo-matérialités » navigue entre ces deux questions pour tenter de rendre caduque la vieille opposition entre nature et culture.

Autour d’une vingtaine d’artistes, l’exposition explore la richesse des hybridations entre le « vivant », le « naturel » et les technologies. À l’orée du parcours, une animation de Wang & Södernström (Rehousing Technosphere, 2022) et une installation interactive de Sabrina Ratté (Objets-monde, 2022) convoquent la science-fiction pour souligner l’ampleur des traces matérielles laissées par la civilisation techno-industrielle. Plus loin, un très beau film en réalité virtuelle de Mélanie Courtinat (All Unsaved Progress Will be Lost, 2022) campe un monde définitivement ruiné par une catastrophe, écho à Tchernobyl. Dans toutes ces œuvres, court un même constat : il n’existe pas de nature intacte. Soucieuse d’explorer l’impact physique et émotionnel des nouvelles technologies sur le vivant, « Néo-matérialités » montre aussi combien leur hybridation ouvre des champs fertiles à la création. Dans la seconde moitié du parcours, l’exposition fait appel aux arts appliqués, et tout particulièrement au design fiction, pour rendre sensibles les perspectives ouvertes par la biologie synthétique ou l’architecture algorithmique. Dans une fausse campagne publicitaire (Ephemeral Electronics, 2014), Florian Sumi fait de la soie cristallisée de la chenille bombyx l’élément de base de composants électroniques biodégradables. Dans Culinair Cellulair (2021), Chloé Rutzerveld invite à composer sur un écran tactile un plat constitué de cultures cellulaires de plantes ou d’animaux (T-Rex, mammouth…) Chez Côme Di Meglio, le mycelium issu des champignons devient matériau de construction. Avec Kory Bieg ou Michael Hansmeyer, algorithmes et intelligences artificielles donnent naissance à des architectures organiques et biomimétiques… À la solastalgie, succède alors l’espoir – réel ou trompeur – de voir la coopération entre vivants et machines remédier à l’épuisement du monde.

« Néo-matérialités »,
Le Cube Garges, 40 avenue du Général de Gaulle, Garges-lès-Gonesse (95).

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : Un monde augmenté

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque