Art ancien

La Haye (Pays-Bas)

Un Maes d’anthologie

Mauritshuis - Jusqu’au 19 janvier 2020

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 21 novembre 2019 - 313 mots

Alors que l’année Rembrandt touche à sa fin aux Pays-Bas, l’une des plus belles surprises de la programmation vient non pas du maître mais de son élève le plus atypique, Nicolas Maes (1634-1693).

Plutôt qu’une énième rétrospective de la superstar du Siècle d’or ou une exposition thématique insipide, comme celle que propose actuellement le Rijksmuseum, le Mauritshuis s’est lancé un défi ambitieux : orchestrer la toute première exposition internationale de ce formidable peintre du XVIIe siècle. Un artiste rare dont le petit corpus est atomisé entre les plus grandes collections du monde entier. Une trentaine de tableaux de ce spécialiste des scènes de genre, choisis avec finesse, sont ainsi ras­semblés dans un parcours d’une grande cohérence, expliquant son cheminement de l’ombre de Rembrandt à la définition de son style éminemment personnel et immédiatement identifiable. Que de chemin parcouru en effet entre les grandes machines bibliques forgées dans l’atelier du maître et imitant sa manière aux petits formats porcelainés décrivant avec gourmandise la vie quotidienne ! Le parcours met logiquement l’accent sur le registre qui a fait la réputation de Maes : les oreilles indiscrètes. À savoir, les savoureuses peintures mettant en scène une maîtresse de maison observant avec malice sa femme de chambre et son amant tout occupés à leur badinage. Des compositions qui conquirent autant le public par leur sujet coquin que par leur construction spatiale complexe et inventive. L’accrochage magnifie une autre catégorie essentielle : les scènes intimistes focalisant l’attention sur un personnage affairé à ses tâches domestiques, plongé dans un environnement rendu avec un sens du détail inouï. Ce festival de dentellières, de bonnes revenant du marché et de mères éduquant leur progéniture concentre la quintessence de l’art de Maes. Le Mauritshuis, que les Néerlandais surnomment la boîte à bijoux en raison de sa taille et de la qualité exceptionnelle de ses collections, n’a jamais aussi bien porté son nom.

« Nicolas Maes »,
Mauritshuis, Plein 29, La Haye (Pays-Bas), mauritshuis.nl

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : Un Maes d’anthologie

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