Pendant la durée des travaux au Palais des beaux-arts, le Musée de Nantes présente des manifestations temporaires dans la chapelle de l’Oratoire, un remarquable édifice baroque situé non loin du musée.
L’exposition estivale, labellisée « Voyage à Nantes », porte un regard renouvelé sur le travail de Fernand Léger (1881-1955), un artiste plutôt connu pour son intransigeance robuste et affirmée, ses recherches rigoureuses jusqu’à en paraître raide, avec comme caractéristiques une grande netteté des formes et une implacable précision des traits. Fernand Léger apparaît ici, et c’est tout l’intérêt de cette exposition reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication, comme un peintre du rêve et de l’inattendu. Les objets souvent clairement identifiables qu’il place sur sa toile avec une grande liberté existent par eux-mêmes, mais l’essentiel se joue ailleurs, loin de toute logique et de tout code préexistant. La Feuille verte, peinte en 1945, achetée en 1948 par la Ville de Nantes, associe un curieux élément textile (le manteau de Léger), des fragments de grillage et un poteau de signalisation.
Durant une vingtaine d’années, entre 1924 et 1946, Fernand Léger remet en question les dogmes moderniste et les règles de grande rigueur géométrique. Troncs d’arbre (1928), acquis en 2013 par le Musée national Fernand Léger de Biot, ou Composition en jaune et bleu (1929), intègrent des éléments les plus divers sans autre projet que d’exister intensément. « Le sujet ou l’objet n’est rien, c’est l’effet qui compte. » Le parcours de l’exposition s’ouvre sur Le Ballet mécanique, premier film sans scénario réalisé par Léger et ses amis américains Man Ray, Dudley Murphy et George Antheil en 1924. Chef-d’œuvre du cinéma expérimental, il rend hommage, comme de nombreux tableaux de l’exposition, à la poésie de l’objet moderne libéré des lois de la gravité et de toute valeur d’usage.
Cette exposition inédite permet de découvrir un peintre qui, après les années sombres de la Première Guerre mondiale, ressent une irrépressible volonté de larguer les amarres et d’appréhender le monde avec une légèreté chorégraphique sans entraves.
Musée des beaux-arts de Nantes, chapelle de l’Oratoire, place de l’Oratoire, Nantes (44), www.museedesbeauxarts.nantes
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Un Léger inédit
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Abonnez-vous dès 1 €Fernand Léger, Adieu New York, 1946, huile sur toile, 130 x 62 cm, Musée national d’art moderne, Paris. © Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN/ Jacques Faujour/ Service Presse/ Musée des Beaux-arts de Nantes
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Un Léger inédit