Un kaléidoscope de paysages

Au XIXe siècle les peintres de chevalet allaient cueillir sur le motif une nature redécouverte, faisant du paysage un thème privilégié. Aujourd’hui s’il reste bien présent dans la création artistique contemporaine, l’hétérogénéité et la multiplicité des pratiques plastiques en ont totalement libéré les approches. Quatorze artistes témoignent de cette évolution dans « Paysages d’artistes » une exposition collective organisée par la Fondation Guerlain. « Je ne cherche ni la couleur, ni la ligne et souvent dans mon travail, je m’oriente dans plusieurs directions. Il peut même arriver que mes tableaux soient peints à l’envers et qu’ils aient plusieurs lignes d’horizon » explique le peintre Peter Bond. Ses toiles sérielles aux dimensions réduites voisinent avec les visions colorées d’Anne Vignal, ou le matiérisme de Kassia Knap qui utilise une toile « maltraitée, replissée, grattée », enduite de cendre, de poudre de verre, de paille, d’acrylique dans des compositions où la toile ressort enfin « domptée ». Des panoramas photographiques déréalisés de Walter Niedermayr, on passe à l’Arte Povera avec Giuseppe Penone (L’Œil n°487) qui utilise les végétaux devenus matériaux à part entière de travaux conceptuels. Désormais le corps de l’artiste entre en jeu, dans un nouveau rapport à la nature que soulignent les propos du sculpteur italien : « Pour réaliser la sculpture, il faut que le sculpteur se couche, s’étende par terre (...) ; enfin, parvenu à l’horizontatité, il faut qu’il concentre son attention sur son corps qui, pressé au sol, lui permet de voir et sentir contre soi les choses de la terre. » À environ J-250 de l’an 2000, à l’heure des bilans, un état des lieux intéressant mais qui ne se saurait se targuer d’être exhaustif.