Paris-16e

Un imaginaire imprévu

Palais de Tokyo - Jusqu’au 11 février 2013

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 9 octobre 2012 - 364 mots

Partir vers le Palais de Tokyo pour y voir « Les dérives de l’imaginaire » et revenir avec celui de Fabrice Hyber et ses « Matières premières ».

La première convainc bien moins que la seconde, généreuse, truffée de pépites comme ce Climat de 1998, cubicule formé par des réfrigérateurs turbinant la porte ouverte. D’ici quelques mois, le petit réduit à la lumière blafarde sera recouvert de givre. Les trois salles d’expositions confiées à Hyber sont impeccables, depuis son Mètre carré de rouge à lèvres réalisé en 1981 jusqu’à la galerie des périssables où cohabitent plusieurs perruches dans une cage faite en pain (et donc mangeable), un bonhomme « fruits et légumes » et des structures surélevées qui permettent de créer, par la décomposition de fleurs, un dessin au jus peu ragoûtant. On peut même se faire décoiffer par une cabine-ouragan et vivre l’expérience d’un arc-en-ciel ou d’un orage, comme ça, pour rien.

C’est la beauté du geste de Fabrice Hyber qui vous emporte dans son énergie qui se moque bien des tendances. Oui, l’esthétique de ses dessins, traces matricielles d’une pensée rhizomatique, a peut-être un peu vieilli, mais qu’importe, elle est balayée par la brillante idée d’offrir un point de vue aérien sur toute l’exposition depuis une coursive. Un décentrage fertile.

Cette poésie manque à l’exercice frontal et ascétique voulu, à l’étage supérieur, par le commissaire d’exposition Julien Fronsacq. Si on peut le féliciter d’avoir déniché de merveilleuses sculptures de Jean-Michel Sanejouand (qui se pose en digne prédécesseur spirituel de Bertrand Lavier exposé en même temps au Centre Pompidou) et une très touchante installation autour des logiques de l’autisme à partir des études cartographiques de Fernand Deligny, son accrochage ne joue pas son rôle. Showroom trop éclairé qui objectifie tout et n’incite pas à l’imaginaire. On se retrouve bien vite coincé dans une démonstration qui cherche à ne pas en être une.

On pourra toujours se « consoler » avec les expériences imaginées par l’Autrichien Markus Schinwald qui, à lui seul, avait su donner de l’intérêt à la Biennale de Venise 2011.

Voir « Fabrice Hyber » et « Les dérives de l’imaginaire »

Palais de Tokyo, 13, avenue du Président-Wilson, Paris-16e, www.palaisdetokyo.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°651 du 1 novembre 2012, avec le titre suivant : Un imaginaire imprévu

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