Un Gouthière en or

Au Musée des arts décoratifs, Anne Forray-Carlier, conservatrice en chef, propose un véritable panorama des bronzes dorés de la fin du XVIIIe siècle, en même temps qu’une mise en perspective de l’œuvre du plus célèbre des doreurs et ciseleurs avec 104 objets et 85 dessins et estampes – l’occasion de faire connaître la richesse des fonds du musée et des collections particulières parisiennes.

Les épaisses vitrines sans traitement antireflet dans lesquelles les objets sont parfois placés à bonne distance du public peuvent empêcher de comparer l’œuvre de Gouthière avec celles de ses contemporains Pitoin, Rémond ou Thomire, mais lorsque les objets échappent à cette présentation fort contraignante, liée en partie à des questions de sécurité, c’est un ravissement de pouvoir découvrir la finesse des détails des ciselures, les répertoires fort originaux et surtout les jeux des artistes avec le rendu du bronze doré.

Il est regrettable que cette exposition exceptionnelle, faute de budget, ne soit pas accompagnée d’un catalogue. Certes les œuvres de Gouthière sont abondamment commentées dans la monographie parue à l’occasion de l’étape new-yorkaise (sous la direction de Charlotte Vignon, Pierre Gouthière. Ciseleur-doreur du roi, éd. Mare et Martin, Paris, 2016), mais celles des autres artistes présentées à Paris, dont nombre de feuilles inédites, n’y figurent pas. Raison de plus pour se rendre aux Arts déco.