Au volet architectural de la « saison japonaise » du Centre Pompidou-Metz, le souci de l’exhaustivité commandait d’ajouter un versant plastique.
Conduit par la curatrice Yuko Hasegawa, ce « Japanorama » manifeste la volonté de montrer la diversité des pratiques artistiques contemporaines nippones depuis les années 1970 et d’en identifier les grands pôles conceptuels et thématiques, bien au-delà du manga et du kawaii, auxquels l’art de l’archipel se voit souvent résumé. Cette ambition donne à l’exposition sa densité et sa robustesse.
Sans être totalement exhaustif, « Japanorama » réunit un corpus d’autant plus foisonnant qu’il floute toute distinction entre beaux-arts et culture de masse. Paysages oniriques de Haruka Kojin ou de Yayoi Kusama, œuvres vidéo-clips et pochettes du groupe techno-pop YMO (Yellow Magic Orchestra), vêtements créés par Rel Kawakubo pour Comme des garçons, planches d’Akira de Katsuhiro Otomo, œuvres de Sugimoto ou Murakami : toutes les formes et toutes les esthétiques, des plus « pop » aux plus minimales (l’exposition réunit notamment quelques pièces des tendances Mono-ha et Gainen-ha), des plus participatives aux plus intimistes, s’y mêlent au gré d’une scénographie en archipel, conçue par l’agence Sanaa.
Six pôles thématiques émergent de ce paysage éclaté, diffracté, entre lesquels courent quelques invariants. Le plus repérable d’entre eux est la tension entre tradition et technologie, suivie de près par l’exploration d’un corps et d’un sujet sans cesse recomposés. Mais, en filigrane, c’est aussi l’histoire et ce qu’elle charrie de menace atomique qui donne à l’exposition ses œuvres les plus spectaculaires…
« Japanorama : nouveau regard sur la création contemporaine »,
Centre Pompidou-Metz, 1, parvis des Droits-de-l’Homme, Metz (57), www.centrepompidou-metz.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : Un éventail des pratiques artistiques japonaises