S’il est au cours du XXe siècle un paramètre qui a bouleversé tant la nature et la fonction de l’œuvre d’art que sa perception, c’est assurément le mouvement.
Jusqu’à ce que des artistes comme Rodtchenko, Naum Gabo, Marcel Duchamp et Moholy-Nagy l’introduisent dans le concept même de leur création, il était resté à l’état virtuel. Simplement suggéré d’une manière ou d’une autre. Quand, en 1913, Duchamp imagine sa fameuse Roue de bicyclette, il dit clairement ce qui l’a conduit à ce geste : « J’ai probablement accepté avec joie le mouvement de la roue comme un antidote au mouvement habituel de l’individu autour de l’objet contemplé. » Ce faisant, il inaugurait un… mouvement qui allait connaître une fortune critique non seulement très rapide, mais considérablement prospective.
Si les Constructions suspendues (1920) de Rodtchenko devaient mettre à bas le rapport de la sculpture au sol, si la Standing Wave (1919-1920) de Naum Gabo en appelait à la motorisation, le Modulateur espace-lumière inventé par Moholy-Nagy en 1930 ouvrait la porte à toutes les créations dynamiques imaginables. De Calder à Céleste Boursier-Mougenot et Samuel Rousseau, en passant par les artistes du GRAV (Groupe de recherche d’art visuel, 1961), du groupe Madi (Matérialisme dialectique, 1964) ou des figures individuelles comme Tinguely, Takis et Schöffer, les artistes ne s’en sont jamais privés. Ils n’ont eu de cesse d’exploiter les ressources plastiques de toutes les nouvelles technologies et autres inventions informatiques.
De l’histoire de cet art qualifié de cinétique et auquel a surtout participé toute une population d’artistes européens et sud-américains, l’exposition picarde constitue comme un joyeux florilège dont les pièces ont été subtilement dispersées dans les collections permanentes. Il reste qu’il est impossible de la parcourir sans avoir à l’esprit le nom d’une très grande galeriste parisienne, Denise René, décédée cet été et qui a été la première à organiser une exposition autour de ce sujet. C’était il y a cinquante-sept ans, et celle-ci était intitulée tout simplement « Le mouvement ».
Musée de Picardie, 48, rue de la République, Amiens (80), tél. 03 22 97 14 00.
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Un Éloge du mobile
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : Un Éloge du mobile