Un éclairage érudit

La citation de Sénèque qui accueille le visiteur met d’emblée dans l’ambiance ; l’heure n’est pas à la rigolade. L’exposition concoctée par la Bibliothèque nationale de France à partir de ses collections pléthoriques prend en effet le contre-pied de la tentation actuelle des musées qui usent d’artifices pour se rendre accessibles auprès du public. Ici, c’est tout le contraire puisque l’accrochage dégage une ambiance résolument érudite, tandis que la scansion du parcours s’avère aride et trop pointue pour toucher une audience non spécialisée. La promesse était pourtant des plus alléchantes : nous plonger dans l’ébullition de la Renaissance et découvrir les cuisines de ce bing bang culturel. Deux cents manuscrits, médailles, estampes, monnaies, sculptures, dessins et objets d’art sont convoqués pour raconter cette épopée qui a posé les jalons de notre monde moderne. Deux cents pièces c’est beaucoup, c’est trop, même, pour les espaces restreints de la galerie Mansart. Cette concentration interdit une scénographie ambitieuse et enveloppante nécessaire à la valorisation de ces trésors. Ce qui aurait pu être un véritable feu d’artifice se révèle hélas fort plat. La longue enfilade de manuscrits à la queue leu leu dessert cet incroyable florilège de chefs-d’œuvre. L’exposition ne rend pas hommage aux illustres humanistes qu’elle entend pourtant célébrer puisque l’un de leurs buts était justement de vulgariser la connaissance. Dommage.