Photographie - L’entre-deux-guerres a marqué l’apogée du système colonial français.
Quels ont été les pratiques et les usages de la photographie au cours de cette période et le positionnement des photographes ? Ces questionnements ont été au cœur des investigations menées par Damarice Damao au sein des collections du Musée national d’art moderne (MNAM). L’entreprise de l’attachée de conservation au Cabinet de la photographie du MNAM aboutit aujourd’hui à une analyse au scalpel de la production de ces images, mais aussi à une relecture inédite des collections de l’entre-deux-guerres du musée à travers les débats que suscita alors la colonisation. Des critiques virulentes formulées par les surréalistes et les militants de gauche à l’encontre de l’Exposition coloniale, organisée en 1931 à Vincennes, jusqu’à l’inauguration, le 2 mai 1940, du IIe Salon de la France d’Outre-Mer, beaucoup de choses se racontent sur les murs de la Galerie de photographies du Centre Pompidou : l’anticolonialisme des surréalistes, la nature des travaux photographiques issus de commandes de structures coloniales, l’usage de la photographie par les ethnologues, l’engouement pour les récits de voyages et les représentations stéréotypées de l’ailleurs que véhiculent la presse illustrée, la carte postale, la publicité ou le documentaire. La densité du propos et la diversité des photographies et des documents demandent à cet égard d’avancer pas à pas pour apprécier pleinement ces premières réflexions sur le sujet. La confrontation des images produites durant cette période avec des photomontages et des dessins bien plus critiques produits au même moment est particulièrement éloquente sur le peu de remise en cause par les photographes occidentaux du système colonial et de ce qu’il engendre en exploitations et violences. De Pierre Ichac à Pierre Verger et Thérèse Le Prat, l’intérêt porté aux populations de ces contrées lointaines est ailleurs, dans l’exotisme que leur mode de vie et leurs traditions véhiculent. À défaut d’avoir pu trouver une production photographique issue des colonisés, Damarice Damao prend soin d’ailleurs de faire entendre tout au long du parcours la voix d’écrivains ou de poètes noirs, comme ceux de Paulette Nardal à l’origine du concept de négritude.
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Un décadrage colonial percutant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°761 du 1 janvier 2023, avec le titre suivant : Un décadrage colonial percutant