Un continent en images

Le manga y occupe une place prépondérante et observer les liens que ce genre prolifique et très populaire au Japon entretient avec les pays voisins offre d’explorer dans sa grande diversité le neuvième art en Asie. De l’Inde à la Corée, en passant par le Bhoutan et le Timor oriental, « Mangasia » puise dans la richesse des mythes et du folklore, met en perspective les enjeux géopolitiques de la région, interroge les tabous culturels, mais aussi les influences dont s’est nourri cet art graphique non académique. Où l’on découvre que le manga, héritier des estampes du XVIIe siècle – en particulier celles du génial Hokusai – est devenu perméable, dès la fin du XIXe siècle, à l’humour de caricaturistes occidentaux, comme le dessinateur anglais Charles Wirgman ou l’illustrateur français Georges Ferdinand Bigot, avant d’assimiler les apports des comics américains. Les fans déjà initiés découvriront des pépites parmi les nombreux albums inédits tandis que les néophytes se laisseront séduire par l’extraordinaire richesse, dans le temps et dans l’espace, du spectre abordé. La scénographie, très travaillée, passe de la reconstitution de sanctuaires portatifs utilisés par les conteurs du Rajasthan aux vidéos de dessins animés ou du spectacle mettant en scène la star virtuelle aux longues couettes Hatsune Miku. Planches originales, facs-similés, albums, installation multimédia, c’est d’abord, bien sûr, un voyage en images qui est ici proposé par Paul Gravett, expert britannique de bande dessinée et auteur de plusieurs ouvrages de référence, entouré pour l’occasion d’une équipe d’une vingtaine de conseillers et correspondants locaux. Savante et itinérante, cette exposition produite par le Barbican Center a déjà été présentée à Rome et doit, après son escale à Nantes, continuer sa route à travers le monde.