En prolongement d’une campagne de restauration menée grâce à une fondation, l’église de San Barnaba à Venise accueille une centaine d’œuvres en provenance de Croatie. Cet ensemble rappelle les liens qui ont uni les deux rives de l’Adriatique à la Renaissance.
VENISE (de notre correspondante) - L’an dernier, le Venetian Heritage, fondation américaine basée à New York et à Venise, a lancé, avec l’accord des autorités croates, une campagne de restauration des monuments des côtes dalmates, à commencer par la chapelle Orsini dans la cathédrale de Traù. En travaillant in situ, les restaurateurs italiens, qui se sont parallèlement consacrés à la formation et à la spécialisation de jeunes restaurateurs croates, ont inventorié avec l’aide de la Surintendance de Split les peintures, sculptures, orfèvrerie et autres œuvres d’art nécessitant des interventions. Après la guerre des années 1990, les dégâts sur les monuments ont été réparés, mais la restauration des œuvres a été ralentie par le manque d’expérience des Croates. À l’occasion de l’exposition sont mis en regard les trésors croates et vénitiens, tels le groupe de sculptures de l’Annonciation de la cathédrale de Traù et celui de la basilique Saint-Marc, ou le crucifix en bois de l’autel des Morti de Traù et celui de l’église vénitienne de la Bragora. Véritable carrefour de cultures, la Dalmatie a constitué une terre de conquêtes naturelle pour les artistes italiens. Florentins et Vénitiens comme Gian Girolamo et Michele Sanmicheli, Niccolò di Giovanni Fiorentino, Giovanni Bellini, Carpaccio, Leandro Bassano, Lorenzo Lotto, Palma Vecchio, Véronèse, Tintoret et Palma le Jeune, ont ainsi travaillé pour les églises croates. Parallèlement, des maîtres dalmates comme l’architecte Luciano Laurana, le sculpteur Francesco Laurana, Lo Schiavone, Giorgio da Sebenico et bien d’autres encore quittaient leur pays pour la péninsule.
L’exposition part de la figure fascinante de Niccolò di Giovanni Fiorentino, défini par Anne Markham Schulz – qui lui a consacré une monographie en 1978 – comme un “artiste du cercle de Donatello, avec lequel il collabora pour l’autel de la basilique Saint-Antoine à Padoue, de son niveau par sa qualité d’exécution et actif également à Venise vers 1465”. De ce sculpteur, mentionnons en particulier les statues provenant de la chapelle Orsini dans la cathédrale de Traù, un chef-d’œuvre de la Renaissance. Pour les niches de cette même chapelle, Alessandro Vittoria avait sculpté quatre statues en 1559, dont le Saint Simon est présenté ici. Seules dix peintures figurent dans l’exposition, mais non des moindres : Saint Jean-Baptiste et saint Jérôme peint par Gentile Bellini en 1489 pour l’église Saint-Jean-Baptiste de Traù, un portrait de Lotto venu du monastère franciscain de Split, une Lamentation de Tintoret provenant de Stari Grad, une petite porte de tabernacle avec une toile peinte par Véronèse (église paroissiale de Vrboska) et Saint Antoine abbé et saint Paul ermite de Palma le Jeune. Le parcours se poursuit avec de précieux reliquaires et de l’orfèvrerie du XIIe au XVe siècle, des objets en argent du XVIe siècle, des objets en ivoire de l’atelier Embriachi, des parements sacrés de l’école vénitienne et byzantine et des manuscrits enluminés.
- TRÉSORS DE CROATIE, jusqu’au 4 novembre, église de San Barnaba, Campo San Barnaba, Venise, tlj 9h30-19h30.
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Un axe vénéto-croate
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°129 du 8 juin 2001, avec le titre suivant : Un axe vénéto-croate