En 1953, Marc Riboud a 30 ans.
Jeune photographe, il se promène, le Leica chargé, dans le Paname de Piaf. Se souvient-il des sky boys photographiés par Lewis Hine en 1930 ? Peut-être, car à la vue des ouvriers perchés sur la Dame de fer, Riboud ne réfléchit pas ; il avale l’escalier en colimaçon, s’approche de l’un des peintres, cadre au 50 mm et déclenche plusieurs fois. Le Peintre de la tour Eiffel montre un ouvrier dansant le pinceau à la main sur une frêle poutre d’acier, Paris en contrebas : le cliché va faire le tour du monde.
Autre histoire, autre icône. En 1967, le nouveau vice-président de Magnum couvre une manifestation pacifique contre la guerre du Vietnam près de Washington. La baïonnette au fusil, les gardes civils protègent le Pentagone, coûte que coûte. Chose inutile, car la seule arme qui leur est opposée ce jour-là est une marguerite tendue par une femme, les mains jointes dans une prière. « Clic ». Riboud n’a pas manqué la scène. C’est au tour de Jeune Fille à la fleur de partir à la conquête du monde.
Ces deux photos, les plus connues de Riboud, ne sont pas présentées au musée de la Vie romantique qui leur a préféré celles, inédites, prises l’instant d’avant ou celui d’après. Certes, elles ne possèdent pas l’équilibre parfait des deux clichés précités, mais l’histoire s’en serait tout de même contentée. La force de cette exposition réside donc dans le choix de retracer cinquante ans de carrière sans en faire la rétrospective – il y aurait sinon des manques –, et par des sentiers rarement empruntés. L’un d’eux consiste d’ailleurs à présenter une soixantaine de tirages ayant été manipulés, parfois écornés : des vintages. Riboud a entrepris de les récupérer en vue d’en faire don à la France.
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Un autre Riboud
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : Un autre Riboud