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Ubu Roi mène la danse

L'ŒIL

Le 1 mai 2000 - 233 mots

Comment recréer, le temps d’une exposition, l’essence de l’époque 1896-1939, secouée par un groupe de jeunes gens provocateurs, épris d’art dramatique, déterminés à fustiger la torpeur littéraire ambiante ? Geneviève Latour, commissaire de l’exposition, auteur du passionnant catalogue qui accompagne l’événement, connaît bien le sujet. Elle a été secrétaire de Pierre Dux au Théâtre de Paris, puis est entrée au T.N.P. de Jean Vilar. Depuis elle consacre sa vie à la recherche théâtrale. Ceux qu’elle désigne sous le terme d’« extravagants » ne sont autres qu’Alfred Jarry, Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau, Max Jacob, André Breton, Louis Aragon, Antonin Artaud, Robert Desnos, et bien d’autres. Leurs travaux se caractérisent par une forme d’expression satirique, incongrue à l’image de la pièce d’Alfred Jarry, Ubu Roi, qui met en scène un personnage grotesque, vaniteux, d’une cruauté sans pareil mais d’une naïveté évidente. L’exposition s’attache à retracer la personnalité de chacun de ces libres penseurs d’une façon chronologique, en réunissant les écrits, objets, croquis illustrant leur création. Cependant la scénographie qui se voudrait « extravagante », verse plutôt dans les guirlandes et baudruches d’une fête de village. Où est donc l’esprit corrosif de tous ces grands hommes ? Il repose au sein des vitrines, écrins de tous leurs trésors, mais ne contamine en rien l’ensemble d’où n’émane aucun parfum de scandale.

PARIS, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, jusqu’au 31 mai, cat. 350 p., 290 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Ubu Roi mène la danse

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