Comment peindre au XXIe siècle ? Et que doit être la peinture aujourd’hui ? Autrement dit : que reste-t-il de la peinture quand les avant-gardes ont tout tenté et quand elle a été remplacée par un flot ininterrompu d’images qui envahit le monde ? Cette question ontologique traverse l’œuvre d’Ida Tursic et Wilfried Mille depuis le début des années 2000.
Et leur réponse ne souffre aucune ambiguïté : un melting-pot de tout cela, de la figuration et de l’abstraction, de l’image publicitaire et médiatique, sophistiquée ou vulgaire, mais où la peinture reste la peinture, et rien d’autre. Au Consortium de Dijon, le couple d’artistes, qui connaît les lieux pour y avoir déjà exposé, rassemble une cinquantaine d’œuvres réalisées ces dernières années. Certaines ont été vues lors du prix Marcel Duchamp en 2019, d’autres à la Galerie Max Hetzler en 2020 à Berlin et lors de l’exposition « The Postponed Show » au Havre en 2021, mais leur réunion à Dijon offre toujours quelque chose de jouissif, à l’image de leur peinture. L’ensemble est kitsch – ça, tout le monde s’accorde pour le dire ! –, décalé, séduisant et drôle à la fois, parfois cucul, comme les petits chiens domestiques peints sur panneaux de bois. Pourtant, leur peinture s’avère savante et grinçante. Tursic et Mille ont beau répéter que leurs tableaux figuratifs ne sont rien d’autre qu’abstraits, ils citent Fragonard, Jorn, Twombly, Matisse, etc. Ils nous renvoient aussi en pleine figure l’image dégradée de la femme dans l’inconscient populaire, le déclin écologique du monde – les fleurs noires obtenues à l’aide du brûlage sont éloquentes –, comme la fin des utopies à l’œuvre dans les années 1950. Tout cela dans les genres traditionnels de la peinture : le nu, le portrait, la nature morte, les représentations animalières… Dans un esprit très XVIIIe siècle, la peinture d’Ida Tursic et Wilfried Mille nous saute littéralement aux yeux. C’est tant mieux.
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Tursic & Mille, graves peintres !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Tursic & Mille, graves peintres !