Ils ont connu la violence, et vu la mort. Aujourd’hui, de leurs grands yeux, ils regardent le monde avec douceur comme s’ils avaient reçu la terre en héritage.
Ils semblent même parfois esquisser un sourire. Au printemps dernier, les visages de Jean-Baptiste, de la Vierge portant Jésus dans ses bras, de saint Serge et saint Bacchus, de saint Platon et sainte Glycérie et de saint Nicolas ont été exfiltrés depuis l’Ukraine, dans le plus grand secret, sous protection militaire. Les cinq icônes qui les représentent proviennent des collections du Musée national Bodhan et Varvara Khanenko de Kyiv (Kiev), qui conserve quelque 25 000 œuvres antiques, byzantines, européennes et asiatiques. Ces images, qui comptent parmi les 16 trésors de ce musée vidé de ses collections dès le début de l’invasion russe, ont trouvé refuge au Louvre dans le cadre de l’opération inédite menée en partenariat avec l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH). L’œuvre qui ouvre le parcours dans une salle de l’aile Denon représente saint Nicolas. Cette précieuse icône portative a été exécutée en minuscules tesselles dans les ateliers de Constantinople à la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle. Elle est ornée d’un remarquable encadrement d’orfèvrerie. Les quatre autres œuvres exposées proviennent du monastère de Sainte-Catherine du Sinaï : les visages peints à l’encaustique sur bois des VIe et VIIe siècles, poignants par la vie qui émane d’eux, témoignent de la première phase de la peinture d’icône… et soufflent que la mort n’aura pas le dernier mot.
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Trésors sacrés d’Ukraine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : Trésors sacrés d’Ukraine