« Très chère Anne… » Cela commence presque comme une correspondance romantique. Mais on s’imagine bien qu’avec Guillaume Pinard, il vaut mieux se méfier des apparences. Pour sa première exposition personnelle à la galerie Anne Barrault, ce jeune artiste aujourd’hui installé à Toulouse réserve à son public bien des vicissitudes.
Dans son dernier film, Provisionnal End, le regard est ballotté dans une course-poursuite à tendance gore entre une mouche et un oiseau, mi-héron, mi-cigogne. Tous aussi machiavéliques les uns que les autres, prompts à manier les armes tranchantes et à sectionner des membres, ils traversent des expositions d’art minimal et souillent des white cubes avec des geysers de sang. On ne sait jamais vraiment où Guillaume Pinard nous emmène avec ces histoires sans narration et c’est bien cela qui est bon, ce dérapage contrôlé dans lequel ces dessins animés nous embarquent tambour battant.
Tout est fait maison, du dessin au trait clair en passant par la bande-son, la maturation est complexe. L’artiste en est d’ailleurs sorti un peu hébété. Ce qui ne l’a pas empêché de dessiner, sur des feuilles de petits cahiers d’écolier aux fameuses rayures Seyes, des élucubrations graphiques tout aussi décalées où fantasmes, cauchemars, fantasmagories s’entremêlent dans un effroi malicieux.
Happé par les situations absurdes des saynètes dessinées, on soulève la surface enfantine pour mieux se glisser dans l’esprit trouble du créateur. L’exposition, véritable partition pour Guillaume Pinard, n’a cessé de s’élaborer et se défaire dans son esprit. Cela a conduit son dessin à
déborder sur les murs, à se faire objet pour générer une véritable immersion, un jeu de pistes, méchamment jouissif.
« Guillaume Pinard, Très chère Anne », galerie Anne Barrault, 22, rue Saint-Claude, Paris IIIe, www.galerieannebarrault.com, jusqu’au 24 février.
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Très chère Anne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Très chère Anne