Tout un festival

Le point d’orgue est sans nul doute constitué par la venue du trublion suisse Urs Fischer à l’École des beaux-arts de Paris. Celui qui avait été un des rares à enchanter la Biennale de Venise 2011 avec ses sculptures hyperréalistes en cire, bougies à échelle 1 représentant personnes du monde de l’art, objets banals et d’art (en l’occurrence L’Enlèvement des Sabines de Jean de Bologne) prend ses quartiers dans l’Ensba version Nicolas Bourriaud, son nouveau directeur.

Les sculptures en cire qui se consument au fil de l’exposition – donnant « corps » à la locution latine mutatis mutandis – seront bien sûr au rendez-vous, ainsi qu’un ensemble de sculptures d’argile réalisées par des exécutants suivant des motifs choisis par Fischer qu’on croirait tout droit sortis d’une errance sur Google images. Car le bougre est d’abord un photographe formé à la mythologie des images avant de faire feu de tout bois en sculpture. Et dans ce temple de l’enseignement des beaux-arts, Fischer ne se prive pas de s’attaquer aux académiques du genre : modèle nu vivant, bouquets de fleurs fraîches et bronzes patinés et, bien sûr, le cliché absolu de la vanité : la bougie se consumant. Réflexion ironique d’un poids lourd de l’art sur ses contemporains et ses collectionneurs !

Parallèlement à ce déploiement destructeur, et à la faveur de l’ouverture de la saison culturelle de la Croatie en France, Jean-Marc Prévost, programmateur pour les arts visuels et nouveau directeur du Carré d’art de Nîmes, a concocté une présentation de vidéos au Palais de Tokyo. Il a également invité dans la partie la galerie GB Agency à présenter les travaux d’un militant de Zagreb, Mladen Stilinovic, tandis que le Mac/Val de Vitry-sur-Seine reçoit la féministe Sanja Ivekovic récemment exposée au MoMA de New York, excusez du peu. Bref, un grand écart absolu !